ça n’a pas suffit et ça, nulle part de savoir
quoi
quelle et parce que quoi de moi, de moi voulant
ils ont dit décris le camion
il est là et si tu dis alors – et on décrit donc quelques mots
une fureur, de ce que je sais comme étant le regard
puisqu’elle l’a dit
ce regard mien, tien
qui n’appartient, c’est un hasard
mais
et donc à qui, et puis comment
cela on le saurait, on pourrait le dire, du où il vient, du comment il agit, de tout
tout ce qu’il implique qui ne crame pas une femme qui se fume
en hôtel à Venise ou à Rome et sans crue, sans arbre, sans charrue
mais qui à Vienne, là, en voiture, en rue, a su
et ces cris qui déchirent, qui arrachent les nuits aux pleines
aux tenues
à leurs sœurs tendues
on dira elle voulait, que c’était
on le dira à peine, parce que l’on sait comme il
et elle
mais de treize à quinze
de quinze à dix-sept
jaune
comme écartelé
des feuilles sortent de la machine, c’est autrefois, elles crachent, l’homme pleure
il a vu qu’elle a vu l’a appelée pour le lui dire bien que ça ne l’engage jamais, et à rien non plus
comme elle avait vu
et puis Timon tout seul, regarde
quelque chose s'affine, l'horizon se dessine
on voit enfin la poussière retomber
Cet amour-là
"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."
Yann Andréa
Yann Andréa
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les tourterelles d'un autre pays
Inconstante, elle
inconsolable
elle
avance donc elle
avance
masque de plâtre blanc friable
blanc
elle avance et pense en plâtre en sang friable
elle, inconsolable blanche
sait, avance un pas valant un pas un autre pas
avance
le logiciel automatique automatique
avant
et sans, elle
alors, avec et en, nous avançons
il l'appelle, l'appellera
appelle, entend
il
la pensée ne sait pas ce que, quelle forme, elle naît avant,
naît
dessine alors ou fait, façonne, module
chantant elle porte
avant
et la main, ce cliché de main, la main partout portée, montrée
la main se tait se cache se fond
essaie de plonger dans la chair le corps
la soif sanguine du coeur
la main se tait aphone, ouvre la paume, tend le poignet, déplie les doigts, phalange après phalange, ongles inégaux, sales, mous, abandonnés
inconsolable
elle
avance donc elle
avance
masque de plâtre blanc friable
blanc
elle avance et pense en plâtre en sang friable
elle, inconsolable blanche
sait, avance un pas valant un pas un autre pas
avance
le logiciel automatique automatique
avant
et sans, elle
alors, avec et en, nous avançons
il l'appelle, l'appellera
appelle, entend
il
la pensée ne sait pas ce que, quelle forme, elle naît avant,
naît
dessine alors ou fait, façonne, module
chantant elle porte
avant
et la main, ce cliché de main, la main partout portée, montrée
la main se tait se cache se fond
essaie de plonger dans la chair le corps
la soif sanguine du coeur
la main se tait aphone, ouvre la paume, tend le poignet, déplie les doigts, phalange après phalange, ongles inégaux, sales, mous, abandonnés
Voilà un pli
Les mains crispées sur l’édredon, la fille s’ennuie. Son corps en spasmes chantilly.
Ravi, l’homme capte l’onde subsensorielle de la fleur. Comme une pompe à vélo brisée, il fuit. S’agrippe à son nombril prométhéen.
Les nuits sont douces et l’amende amère. T’as pas peur sous la peau les viscères suintent. Moniteur du pli ombrageux de tes cils. Maman. Oubli.
Trois jours plus tard une place, des arbres et l’eau qui pue dans la fontaine marécageuse. Jeunesse et fantasmes. Il m’a tant chatouillée que j’en ai ri. Ça coulait dans mes mains et sur mes joues. Les parents discutaient jasmin.
Plus loin un train défile portant des idées à la pelle. Toutes ratées.
Soie impossible au toucher par manque de lignes sur ses doigts. Il froisse donc, perfore et ne saisit jamais. Enroulés, ongles-os jaunis. Gauloise brunie. Mon infini.
Plus tard, il a fait un angle droit avec le sol de son quartier préfigurant la courbe de sa sortie. Tangente. Un ange écrabouillé.
A dix ans plus un moins. Vingt jusqu’aujourd’hui. Mathématiques existentielles. La nuit quand je m’endors, c’est ton visage qui vient me hanter. Et le frigo de murmurer. Seins tout serrés, poings déliés. Masques accumulés.
Trop d’accidents évaporés. Le pli sauvé. Ta perspective m’ennuie. La fille s’ennuie. L’édredon s’ennuie. Reste l’homme qu’a toujours rien compris.
Ravi, l’homme capte l’onde subsensorielle de la fleur. Comme une pompe à vélo brisée, il fuit. S’agrippe à son nombril prométhéen.
Les nuits sont douces et l’amende amère. T’as pas peur sous la peau les viscères suintent. Moniteur du pli ombrageux de tes cils. Maman. Oubli.
Trois jours plus tard une place, des arbres et l’eau qui pue dans la fontaine marécageuse. Jeunesse et fantasmes. Il m’a tant chatouillée que j’en ai ri. Ça coulait dans mes mains et sur mes joues. Les parents discutaient jasmin.
Plus loin un train défile portant des idées à la pelle. Toutes ratées.
Soie impossible au toucher par manque de lignes sur ses doigts. Il froisse donc, perfore et ne saisit jamais. Enroulés, ongles-os jaunis. Gauloise brunie. Mon infini.
Plus tard, il a fait un angle droit avec le sol de son quartier préfigurant la courbe de sa sortie. Tangente. Un ange écrabouillé.
A dix ans plus un moins. Vingt jusqu’aujourd’hui. Mathématiques existentielles. La nuit quand je m’endors, c’est ton visage qui vient me hanter. Et le frigo de murmurer. Seins tout serrés, poings déliés. Masques accumulés.
Trop d’accidents évaporés. Le pli sauvé. Ta perspective m’ennuie. La fille s’ennuie. L’édredon s’ennuie. Reste l’homme qu’a toujours rien compris.
Jubilee Street
It's a fucking classic already
http://youtu.be/8V1l1mFwzuw
I hear it pounding and it hurts
I'll put it in a cage and I'll bathe
The cage in gold, solid
Nothing will ever, never
I'll be the one to break
Weak, slow yet agile
A fish with white bones
The cage with your heart in it
It'll turn into a box
I'll fill it with wonders
I'll fill it with hope
I'll lick your throat, stroke,
Smile and weap
Joy in my veins
Nothing will never, ever
I know that I know it well
I trust and I push as I lie
The ground and the bed and the bath
We'll laugh and shout in silence
No one will ever, never
It's happening now
That's how things are
I fuck the rest with anger and strength
I never knew, it's thanks to you
http://youtu.be/8V1l1mFwzuw
I hear it pounding and it hurts
I'll put it in a cage and I'll bathe
The cage in gold, solid
Nothing will ever, never
I'll be the one to break
Weak, slow yet agile
A fish with white bones
The cage with your heart in it
It'll turn into a box
I'll fill it with wonders
I'll fill it with hope
I'll lick your throat, stroke,
Smile and weap
Joy in my veins
Nothing will never, ever
I know that I know it well
I trust and I push as I lie
The ground and the bed and the bath
We'll laugh and shout in silence
No one will ever, never
It's happening now
That's how things are
I fuck the rest with anger and strength
I never knew, it's thanks to you
Eleonor
http://youtu.be/Ja-LCsTU-eM
C'est le cuisinier? Le vendeur de chaussures alors? Non, toujours pas? Et il n'y avait pas un photographe ou un chanteur de rock, quelque chose comme ça?
C'est là qu'Eleonor comprit l'histoire du fil. Impossible de suivre, pour elle comme pour les autres, la surenchère de ses conquêtes. Installée sur son divan, les jambes gaînées de noir et repliées sur le côté comme la queue d'un chat, elle limait ses ongles en se remémorant la conversation de la veille. Comme elle s'était sentie sale et nulle dans le regard incrédule de son amie. Impossible de partager l'hystérie avec laquelle elle répandait les débordements de ses entrailles. Toujours entière et capable d'évoquer les cimes des monts les plus vertigineux pour illustrer l'intensité de ses sentiments. Le vertige et l'effroi dans le regard des gars qui pensaient eux à consommer un bout de viande saignante et charmante. Pensant que sa liberté de ton était un écho de la liberté de ses moeurs. Fuyant dès que son regard dans le noir prenait des teintes de lavande prête à être cueillie.
Elle y avait cru à chaque fois. Elle avait voulu y croire. Elle voulait y croire. Elle voulait qu'eux y croient. Et puis elle s'en foutait aussi. Simplement parfois l'idée d'être aimée, pourquoi pas. Mais pas lourdement, non, avec panache et humour. Tendresse et fougue. Eleonor avec sa poitrine pulpeuse et son franc parler. Ses dons de chanteuse, d'écrivaine et d'amante. Tous le savaient, ça se sentait. Son port de tête, comtesse de l'Est. Ses mouvements de hanche, reine d'un harem. La finesse de ses doigts, intellectuelle blasée.
La cigarette entre les doigts, les cent pas sur le carrelage de marbre, le peignoir de soie trop long qui glissait sur le sol - écume vive et sombre dans son sillage. Encore déçue. Dans le lit, la conquête dormait et Eleonor se demandait qui d'elle ou de ce lui était la proie. Eleonor voulait sortir du champ lexical de la chasse. Marchant avec brusquerie, comme dans les romans. Rageuse. La fumée sortait de ses narines en quantité, composant un nuage dense autour de sa lourde chevelure de sorte que sa figure, de son crâne jusqu'au sol, formait comme une pièce de marbre flottant dans une mare de pétrole aux teintes métalliques. La déesse bafouée prête à frapper. D'énervement ses traits se durcissaient encore. Et l'homme qu'elle avait fini par réveiller à l'aide d'un verre d'eau glacée. Encouragé à retrouver ses vêtements sur le pallier sous peine de tâter de ses griffes et de ses crocs.
Toutes ces scènes superposées. Eleonor voulait dormir enfin. Rêver.
C'est le cuisinier? Le vendeur de chaussures alors? Non, toujours pas? Et il n'y avait pas un photographe ou un chanteur de rock, quelque chose comme ça?
C'est là qu'Eleonor comprit l'histoire du fil. Impossible de suivre, pour elle comme pour les autres, la surenchère de ses conquêtes. Installée sur son divan, les jambes gaînées de noir et repliées sur le côté comme la queue d'un chat, elle limait ses ongles en se remémorant la conversation de la veille. Comme elle s'était sentie sale et nulle dans le regard incrédule de son amie. Impossible de partager l'hystérie avec laquelle elle répandait les débordements de ses entrailles. Toujours entière et capable d'évoquer les cimes des monts les plus vertigineux pour illustrer l'intensité de ses sentiments. Le vertige et l'effroi dans le regard des gars qui pensaient eux à consommer un bout de viande saignante et charmante. Pensant que sa liberté de ton était un écho de la liberté de ses moeurs. Fuyant dès que son regard dans le noir prenait des teintes de lavande prête à être cueillie.
Elle y avait cru à chaque fois. Elle avait voulu y croire. Elle voulait y croire. Elle voulait qu'eux y croient. Et puis elle s'en foutait aussi. Simplement parfois l'idée d'être aimée, pourquoi pas. Mais pas lourdement, non, avec panache et humour. Tendresse et fougue. Eleonor avec sa poitrine pulpeuse et son franc parler. Ses dons de chanteuse, d'écrivaine et d'amante. Tous le savaient, ça se sentait. Son port de tête, comtesse de l'Est. Ses mouvements de hanche, reine d'un harem. La finesse de ses doigts, intellectuelle blasée.
La cigarette entre les doigts, les cent pas sur le carrelage de marbre, le peignoir de soie trop long qui glissait sur le sol - écume vive et sombre dans son sillage. Encore déçue. Dans le lit, la conquête dormait et Eleonor se demandait qui d'elle ou de ce lui était la proie. Eleonor voulait sortir du champ lexical de la chasse. Marchant avec brusquerie, comme dans les romans. Rageuse. La fumée sortait de ses narines en quantité, composant un nuage dense autour de sa lourde chevelure de sorte que sa figure, de son crâne jusqu'au sol, formait comme une pièce de marbre flottant dans une mare de pétrole aux teintes métalliques. La déesse bafouée prête à frapper. D'énervement ses traits se durcissaient encore. Et l'homme qu'elle avait fini par réveiller à l'aide d'un verre d'eau glacée. Encouragé à retrouver ses vêtements sur le pallier sous peine de tâter de ses griffes et de ses crocs.
Toutes ces scènes superposées. Eleonor voulait dormir enfin. Rêver.
Long time no see
http://youtu.be/uOaaolGBpg8
She said, want you
As she said it, her lips and her hips
They moved
The curve of their necks
Their bellies
She said it again
Slow motion words
Want you need you
The air through the mouth and the lungs and the fingers
Eyes shut so they don't talk too much
But saying I want doesn't mean I please
Eyes lost
Skin untouched
Unable to, am I
Folding the bones
Trusting the arms
Tight strong soft
In the silence of the night
One light
She said, want you
As she said it, her lips and her hips
They moved
The curve of their necks
Their bellies
She said it again
Slow motion words
Want you need you
The air through the mouth and the lungs and the fingers
Eyes shut so they don't talk too much
But saying I want doesn't mean I please
Eyes lost
Skin untouched
Unable to, am I
Folding the bones
Trusting the arms
Tight strong soft
In the silence of the night
One light
Kibworth Beauchamp
http://youtu.be/K6VHXmwd0cs
We were sitting on the mat. Tiniest of rugs. We would squeeze ourselves and, as every children of our age after realizing such an act of extreme precision and complexity, be very proud of holding all together on such a small surface. We would laugh at the fun faces the adults made when seeing us like that. They couldn't understand. We were happy. They couldn't understand. We would tell each other secrets and stories and lies. As long as we could make each other laugh or scream. The idea was also to make sure the youngest of us would make nightmares. That seemed funny enough. The babies and their nightmares. The old ones and their funny faces. Us. In the middle. Squeezed together on a mat. Eating crumpets, Digestive Biscuits. Scones. Food and tea, the only thing that could make us stop our games. The smell of tea and the moment the music started and the idea of being with the adults, sharing the same food and drink while listening to the same music.
Bliss. When you know nothing more than the size of a mat and the name of all the biscuits in the larder.
We were sitting on the mat. Tiniest of rugs. We would squeeze ourselves and, as every children of our age after realizing such an act of extreme precision and complexity, be very proud of holding all together on such a small surface. We would laugh at the fun faces the adults made when seeing us like that. They couldn't understand. We were happy. They couldn't understand. We would tell each other secrets and stories and lies. As long as we could make each other laugh or scream. The idea was also to make sure the youngest of us would make nightmares. That seemed funny enough. The babies and their nightmares. The old ones and their funny faces. Us. In the middle. Squeezed together on a mat. Eating crumpets, Digestive Biscuits. Scones. Food and tea, the only thing that could make us stop our games. The smell of tea and the moment the music started and the idea of being with the adults, sharing the same food and drink while listening to the same music.
Bliss. When you know nothing more than the size of a mat and the name of all the biscuits in the larder.
Troilus
http://youtu.be/qAg8U194HBg
There's nothing you can do about it
It's a physical phenomenon
I mean
It rises every single second
It grows
Like an unbearable ice cold shade
That always ends up in my eyes
I can feel it when it grows
I can see how my body and soul
Being devoured
I do my best
I promise I do my best
To smile and hide and forget and fight
I promise I would erase it
If only I could
I promise I wouldn't talk, laugh and shout
If I didn't want to talk, laugh and shout
Nothing
And even if you could, I wouldn't want you to
I would hide if you could
I would flee
Shut you out
Tell you please let me be
Tell you go let me
Leave me now
It's the flesh I'm made of
It's the blood running through the veins
Under the skin
It's the pain and the rest
It's not the story, not the facts
Nobody cares about the facts
I don't care about the facts
It's the truth
It's the pain and the rest
There's nothing you can do about it
It's a physical phenomenon
I mean
It rises every single second
It grows
Like an unbearable ice cold shade
That always ends up in my eyes
I can feel it when it grows
I can see how my body and soul
Being devoured
I do my best
I promise I do my best
To smile and hide and forget and fight
I promise I would erase it
If only I could
I promise I wouldn't talk, laugh and shout
If I didn't want to talk, laugh and shout
Nothing
And even if you could, I wouldn't want you to
I would hide if you could
I would flee
Shut you out
Tell you please let me be
Tell you go let me
Leave me now
It's the flesh I'm made of
It's the blood running through the veins
Under the skin
It's the pain and the rest
It's not the story, not the facts
Nobody cares about the facts
I don't care about the facts
It's the truth
It's the pain and the rest
Nightingale
Wilt thou be gone? It is not yet near day. / It was the nightingale, and not the lark, / That pierced the fearful hollow of thine ear. / Nightly she sings on yon pomegranate tree. / Believe me, love, it was the nightingale.
http://www.youtube.com/watch?v=Z0GUf4QLh78
Elle disait qu'elle y pouvait rien que c'était comme ça, qu'il y avait une lutte incroyable. Que je ne pourrais pas moi y participer. Pas avec mes mains minuscules, pas avec mon souffle au coeur. Que le champ de bataille était d'un autre monde. Que respirer déjà pour elle c'était difficile, qu'elle aurait pu en crever la nuit. Elle disait pourtant bonheur. Je crois même qu'elle y croyait. Que le temps quand j'étais là s'arrêtait là comme ça et la laissait souffler. Que ses yeux ne saignaient plus. C'est ce que moi je croyais en tout cas. Et je pensais qu'elle aussi, elle pensait ça. Je ne m'y attendais pas. Pas comme ça. Je pensais que l'illusion pourrait durer plus longtemps et que le petit matin n'arriverait pas, qu'il se prolongerait en tout cas. Repoussant le jour. Inutile le jour. Pour les autres le jour. Pas pour moi. Pas pour nous. Il ne nous manquait pas. Il ne nous allait pas. Il ne faisait rien d'autre que flinguer les rétines et défoncer les dents. A un moment elle avait dit je m'en souviens qu'il faudrait l'éteindre, le jour. Et moi je pensais métaphore. Il y avait pourtant eu ce truc dans son regard. Habituellement franc, il avait fait cette figure folle, comme un salto au ralenti, imperceptible pour qui ne la connaissait pas. C'est-à-dire pas pour moi. Je l'avais perdue une première fois.
On ne sait jamais vraiment dans quelles lignes l'avenir se tisse, où le dénouement se joue, à quel moment le possible devient prévisible. Jamais. On relance toujours les dés avec la même foi, avec ce sentiment merveilleux de nouveauté.
Et pourtant, à la voir elle comme ça.
Il serait temps, c'est ce que je me dis maintenant. Il serait temps d'apprendre à lire. Il faudrait voir à quel point les couches successives de l'existence s'empilent sans jamais s'effacer. A quel point la colle ne fait que colmater la faille sans jamais l'effacer. Il faudrait voir les plaies des autres comme des nourritures, pas comme des sacerdoces. On ne fait rien avec une plaie. On en crève un point c'est tout. On en crève et tout ce qu'on peut faire c'est se donner l'illusion de pouvoir en repousser l'échéance. Quand en réalité, de pouvoir sur la temporalité finale, on n'en a aucun.
http://www.youtube.com/watch?v=Z0GUf4QLh78
Elle disait qu'elle y pouvait rien que c'était comme ça, qu'il y avait une lutte incroyable. Que je ne pourrais pas moi y participer. Pas avec mes mains minuscules, pas avec mon souffle au coeur. Que le champ de bataille était d'un autre monde. Que respirer déjà pour elle c'était difficile, qu'elle aurait pu en crever la nuit. Elle disait pourtant bonheur. Je crois même qu'elle y croyait. Que le temps quand j'étais là s'arrêtait là comme ça et la laissait souffler. Que ses yeux ne saignaient plus. C'est ce que moi je croyais en tout cas. Et je pensais qu'elle aussi, elle pensait ça. Je ne m'y attendais pas. Pas comme ça. Je pensais que l'illusion pourrait durer plus longtemps et que le petit matin n'arriverait pas, qu'il se prolongerait en tout cas. Repoussant le jour. Inutile le jour. Pour les autres le jour. Pas pour moi. Pas pour nous. Il ne nous manquait pas. Il ne nous allait pas. Il ne faisait rien d'autre que flinguer les rétines et défoncer les dents. A un moment elle avait dit je m'en souviens qu'il faudrait l'éteindre, le jour. Et moi je pensais métaphore. Il y avait pourtant eu ce truc dans son regard. Habituellement franc, il avait fait cette figure folle, comme un salto au ralenti, imperceptible pour qui ne la connaissait pas. C'est-à-dire pas pour moi. Je l'avais perdue une première fois.
On ne sait jamais vraiment dans quelles lignes l'avenir se tisse, où le dénouement se joue, à quel moment le possible devient prévisible. Jamais. On relance toujours les dés avec la même foi, avec ce sentiment merveilleux de nouveauté.
Et pourtant, à la voir elle comme ça.
Il serait temps, c'est ce que je me dis maintenant. Il serait temps d'apprendre à lire. Il faudrait voir à quel point les couches successives de l'existence s'empilent sans jamais s'effacer. A quel point la colle ne fait que colmater la faille sans jamais l'effacer. Il faudrait voir les plaies des autres comme des nourritures, pas comme des sacerdoces. On ne fait rien avec une plaie. On en crève un point c'est tout. On en crève et tout ce qu'on peut faire c'est se donner l'illusion de pouvoir en repousser l'échéance. Quand en réalité, de pouvoir sur la temporalité finale, on n'en a aucun.
Anybody see you
"Je t'ai trouvé tres sereine la dernière fois quand on se vue et ca te vas bien (malgré toute tes plaintes sur le temps et l'inquietude sur l article ...)" Facebook, Message Privé, 15 février 2013
http://youtu.be/64x_RCArfjU
She took her magic wand pushed the button, squeezed the rod, frowned. She was old but she also was a child. She knew she could, she knew how to. She wanted to be a woman, to unleash it, that very special part of herself - the one she liked so much. See, she knew she could and she knew how to. She loved the feeling. The taste and the way her whole self could change. She had never taken the time to. See. The gap was huge between the child and the woman but it made sense. The woman and the child loved each other. Made each other feel complete. Natural. The child was fun and fragile. The woman was strong but broken. And the magic wand responded to both of them with the same efficiency, as if the world somehow wanted her to get her share of happiness.
In the dark, in the middle of a crowd of young people, alone. Lost. Depressed. Dirty and old. Sad feelings in her guts, the sadness of parties stuck to her skin. The child was scared, the woman was nowhere to be found. Companions of recent times somewhere in the background. No one knew her here and no one knew nothing. Some had an idea. People easily had an idea when seeing how lost and shy and sad and broken she was - but no one really knew. She was bored and she felt like a crumb lost on a white tablecloth: on the verge of disappearing yet never so singular, close to what she really was. Time and events like the hands that play with the broken dust of bread lost between dishes - a very foreseeable future. Only one question: when?
And he, tiny accident, barely noticed. Yet, noticed. Just a glimpse and a thought. Not strong enough. Not long enough. Not even in words. Yet, a glimpse and a thought. Something she wouldn't hold on to, something she wouldn't want, something she'd probably despise. A certain lack of. And, there again, if she'd taken the time, the only conclusion she would come to would be: the words are weak.
So here she was, now, after the events, with her wand. Squeezing and puffing and laughing. Something about a secret and about peace. Not so precious. Not so strong. Not so eloquent. Not so much of a fuss. But real like pain and smell and pleasure.
http://youtu.be/64x_RCArfjU
She took her magic wand pushed the button, squeezed the rod, frowned. She was old but she also was a child. She knew she could, she knew how to. She wanted to be a woman, to unleash it, that very special part of herself - the one she liked so much. See, she knew she could and she knew how to. She loved the feeling. The taste and the way her whole self could change. She had never taken the time to. See. The gap was huge between the child and the woman but it made sense. The woman and the child loved each other. Made each other feel complete. Natural. The child was fun and fragile. The woman was strong but broken. And the magic wand responded to both of them with the same efficiency, as if the world somehow wanted her to get her share of happiness.
In the dark, in the middle of a crowd of young people, alone. Lost. Depressed. Dirty and old. Sad feelings in her guts, the sadness of parties stuck to her skin. The child was scared, the woman was nowhere to be found. Companions of recent times somewhere in the background. No one knew her here and no one knew nothing. Some had an idea. People easily had an idea when seeing how lost and shy and sad and broken she was - but no one really knew. She was bored and she felt like a crumb lost on a white tablecloth: on the verge of disappearing yet never so singular, close to what she really was. Time and events like the hands that play with the broken dust of bread lost between dishes - a very foreseeable future. Only one question: when?
And he, tiny accident, barely noticed. Yet, noticed. Just a glimpse and a thought. Not strong enough. Not long enough. Not even in words. Yet, a glimpse and a thought. Something she wouldn't hold on to, something she wouldn't want, something she'd probably despise. A certain lack of. And, there again, if she'd taken the time, the only conclusion she would come to would be: the words are weak.
So here she was, now, after the events, with her wand. Squeezing and puffing and laughing. Something about a secret and about peace. Not so precious. Not so strong. Not so eloquent. Not so much of a fuss. But real like pain and smell and pleasure.
13.1bis
http://youtu.be/aBWxjAiO_KQ
He would take us in his car
Speeding through the lights
of the parisian night
We didn't know nor
did we understand
what it meant for him
sadness and loneliness
and bottles of whisky under the bed
I always hated Coca Cola
I would read and sit and watch
his sadness, abandoned Father
his eyes empty
his desperate need for love
Kiss me love me, daughter,
wash my pain away, laugh and joke
dance and be stronger than the strongest
woman alive, daughter.
You're mine I made you and
then we went and ate italian food
and I drunk watching you eating
loving your life unable to give you hope and happiness
needing you to succeed where I had failed
You'd play cards with my mother and eat the food she made
for you
You'd laugh and shine and talk and look at me with eyes
no other woman alive
My friends and my life and my cars and my money
but your eyes and your pride
the stories I would tell about good old times
so they'd remain alive
You'd grow up and know
Future was a time I didn't aknowledge
Future wasn't bright
There was no way
You'd forgive and forget
I thought
He would take us in his car
Speeding through the lights
of the parisian night
We didn't know nor
did we understand
what it meant for him
sadness and loneliness
and bottles of whisky under the bed
I always hated Coca Cola
I would read and sit and watch
his sadness, abandoned Father
his eyes empty
his desperate need for love
Kiss me love me, daughter,
wash my pain away, laugh and joke
dance and be stronger than the strongest
woman alive, daughter.
You're mine I made you and
then we went and ate italian food
and I drunk watching you eating
loving your life unable to give you hope and happiness
needing you to succeed where I had failed
You'd play cards with my mother and eat the food she made
for you
You'd laugh and shine and talk and look at me with eyes
no other woman alive
My friends and my life and my cars and my money
but your eyes and your pride
the stories I would tell about good old times
so they'd remain alive
You'd grow up and know
Future was a time I didn't aknowledge
Future wasn't bright
There was no way
You'd forgive and forget
I thought
Stagger
http://www.deezer.com/track/11234102
Time
Nail, finger, hand
Wood on the floor and wooden doors and big bad boots
Hair in my eyes, sweat in my neck - on my skin
Saying stuff about my brain
My body doesn't can't and won't move like I'd like it to
Stiff and dry on the outside
Just like the letters of the mother tongue that break in my mouth
Burning stones inside
Mute and stupid dead dry flower
The person I am isn't in the flesh,
See
I am the flesh
Wall back hips
Nice and sweet
Whiskey and wine
Breathing out deathly somke with a smile
No skirt, no,
dark - dark
trousers
And the eyes of you
on me
Sadness out
Happiness out
Death in
Pleasure out
broken knees, chest and mouth
don't you see
Killing
The eyes
Kill
Dry
Turning blood into ashes
Ain't no easy process
It takes skills and time and knowledge
Switching the light off ain't
No
How could you
me
Time
Nail, finger, hand
Wood on the floor and wooden doors and big bad boots
Hair in my eyes, sweat in my neck - on my skin
Saying stuff about my brain
My body doesn't can't and won't move like I'd like it to
Stiff and dry on the outside
Just like the letters of the mother tongue that break in my mouth
Burning stones inside
Mute and stupid dead dry flower
The person I am isn't in the flesh,
See
I am the flesh
Wall back hips
Nice and sweet
Whiskey and wine
Breathing out deathly somke with a smile
No skirt, no,
dark - dark
trousers
And the eyes of you
on me
Sadness out
Happiness out
Death in
Pleasure out
broken knees, chest and mouth
don't you see
Killing
The eyes
Kill
Dry
Turning blood into ashes
Ain't no easy process
It takes skills and time and knowledge
Switching the light off ain't
No
How could you
me
http://youtu.be/8tKqk1mydis
It's not about the saliva, no
And it's not about the flesh
You see your skin is like a sheet of paper
it doesn't need violence
and it does not need strength
no
Every single stroke
Every single breath
Every single move
minute, second
Dying flowers in my chest
Overflowing lava
The leaves are dry but the earth is damp
The petals fall but the bud is strong
Time doesn't scare me
Life doesn't scare me
She doesn't scare me
Neither does your brain
I know your fingers
Mine
I know your life
Mine
I won't ever break it
I won't ever trap it
I will never steal it
I just need to feed
It's not about the saliva, no
And it's not about the flesh
You see your skin is like a sheet of paper
it doesn't need violence
and it does not need strength
no
Every single stroke
Every single breath
Every single move
minute, second
Dying flowers in my chest
Overflowing lava
The leaves are dry but the earth is damp
The petals fall but the bud is strong
Time doesn't scare me
Life doesn't scare me
She doesn't scare me
Neither does your brain
I know your fingers
Mine
I know your life
Mine
I won't ever break it
I won't ever trap it
I will never steal it
I just need to feed
on it
Her
http://youtu.be/dM3lMDrohdM
I think
I think pain is the stupidest thing in the world
I think you only get the pain you want
Never the pain you deserve
I think you cause the pain you want to cause
The way you want to cause it
I think
It burns
In the mouth the words you don't say
In the bones the gestures you
I think you know
I know you think
I think you see
You see I think
It's a never ending story that started before you came into my life
That has nothing to do with you
And so little to do with me
I think
I think pain is the stupidest thing in the world
I think you only get the pain you want
Never the pain you deserve
I think you cause the pain you want to cause
The way you want to cause it
I think
It burns
In the mouth the words you don't say
In the bones the gestures you
I think you know
I know you think
I think you see
You see I think
It's a never ending story that started before you came into my life
That has nothing to do with you
And so little to do with me
And when I see
http://www.youtube.com/watch?v=4Gvpvh4WYoA
Life is only true in the tiny stories
A burnt coffee that tastes like honey
The fabric of your flesh extended to a blanket
The solemn purity of your childish smile
The fingers I so desperately want to grasp
Because I am one of those horrible those
Who need people to belong to one another
Afraid of freedom and secrets and nooks and
Who see dirty darkness heavy and cold and moist
Walking on the pavements at night is the only way people fight
Braving the cold wind dancing in the streets
In case a car or a bus decided today
Was the last
The voice in my chest screams those nights
Louder than any other night
Incapable of moving my hips
Unable to
All those things I need and want to do
And you will never know how it feels to see a movie
With my story, the same old story, being told as a lie
While sitting next to you and not knowing how to say
Man it’s so funny it’s the reason I can’t say
And when I see how much you remind me of things I’ve already seen and done
And when I see how dead my body and my feelings are
And when I see how many other men
And when I see
Life is only true in the tiny stories
A burnt coffee that tastes like honey
The fabric of your flesh extended to a blanket
The solemn purity of your childish smile
The fingers I so desperately want to grasp
Because I am one of those horrible those
Who need people to belong to one another
Afraid of freedom and secrets and nooks and
Who see dirty darkness heavy and cold and moist
Walking on the pavements at night is the only way people fight
Braving the cold wind dancing in the streets
In case a car or a bus decided today
Was the last
The voice in my chest screams those nights
Louder than any other night
Incapable of moving my hips
Unable to
All those things I need and want to do
And you will never know how it feels to see a movie
With my story, the same old story, being told as a lie
While sitting next to you and not knowing how to say
Man it’s so funny it’s the reason I can’t say
And when I see how much you remind me of things I’ve already seen and done
And when I see how dead my body and my feelings are
And when I see how many other men
And when I see
Warum nicht
http://www.youtube.com/watch?v=qEkgiEhxT34&feature=youtu.be
La bonne vieille méthode, celle des cinq minutes volées entre trois lectures à peine entamées et deux découvertes sonores sans grand intérêt. Voilà comment j'écris. Je le dis parce longtemps je me suis demandée comment les autres faisaient, à quel moment ils convoquaient le démon. Ce qu'ils lui donnaient pour l'apaiser et lui faire dire ce qu'il y a à dire. Je n'ai toujours pas trouvé. Ce que je peux te dire c'est que je vis pour écrire et que donc quand tu vis à mes côtés tu sais que ça va finir par écrit. Pourtant, et ça me semble assez évident, on s'en fout totalement de ce qu'on fait côte à côte et de ce que ça signifie pour toi d'être à côté de moi. Le détail de l'activité et des raisons qui nous poussent à faire ce qu'on fait. Ce que j'en ai réellement pensé. On s'en bat la race. Qui peut prétendre penser, déjà? Qui peut penser une seule seconde que ce qui importe ce sont les conséquences des actions que nous entreprenons? Il me semble que les actions valent en elles-mêmes, absolument, d'une façon presque sacrée qui fait que l'écriture est un sacrilège. Moi le vilain petit scribe, quand je salis le passé d'un évènement, c'est simplement parce que c'est dans la crasse que les mots me viennent. Si ma mécanique mentale me le permettait, j'écrirais des papillons sur ces mêmes actions. Et papillons ou poissons, faut pas se leurrer, ce n'est pas dans la tonalité de ce que j'écris qu'il faut chercher à me lire. Ce que je fais, c'est figer deux ou trois éléments qui ont importé dans la matière d'un style qui est un matériau. Tu peux étudier ce matériau comme tu pourrais étudier les composantes de tel ou tel béton. Tu peux aussi chercher à saisir les fragments que j'ai voulu capturer. Je ne crois pas que cette recherche soit pertinente pour autant mais tu peux le faire, c'est techniquement possible et ça s'apparente à une forme assez malsaine d'archéologie. Ce qui est magique et que je voudrais arriver à faire dans tous les cas, ces relier certaines expériences radicalement distinctes mais qui résonnent en moi et me permettent d'aller plus loin que la linéarité apparente du langage tel qu'il se présente. Ce que je voudrais faire c'est rendre compte d'un monde qui n'existe qu'en moi bien qu'il soit le même que le tien. Et je ne voudrais pas faire ça pour dire que mon monde est meilleur que le tien. Je voudrais le faire parce que je trouve simplement incroyable cette indécrottable solitude qui nous rend imperméables au monde tout en y étant, dans le monde. C'est débile et c'est limpide et c'est naïf. J'aime cette bêtise. Je la chéris. Je voudrais être la femme la plus imbécile au monde. Je voudrais passer mon temps à faire l'enfant qui observe, constate et dit des évidences mille fois observées mais qui les dit dans sa langue unique et incomparable, indestructible. Je voudrais continuer toute ma vie à être incapable de te dire ce que je fais et à être pourtant obsédée par ce que je fais au point de me foutre du reste. Je voudrais toute ma vie être cette idiote qui doute et qui fait malgré tout. Qui est fière et qui a honte. Je voudrais ne faire que ça. J'espère peut être qu'un jour une phrase touchera quelqu'un quelque part mais ce n'est pas mon but et dans le fond je m'en fous. Je le souhaite mais je m'en fous. Je pense que le geste de l'écriture est égoïste. Je pense qu'il faut être un peu autiste. Je pense aussi qu'il faudrait que j'en finisse avec ce besoin de dire pour que tu comprennes. On s'en fout que tu comprennes. J'écris, qu'y a-t-il à dire de plus? Que pourrait-on ajouter à cette définition déjà lourde de sens? Que plus j'écris moins je parviens à le faire sur commande, comme si le travail tel que je l'entreprends me rendait de plus en plus inapte au travail tel qu'il faudrait l'entreprendre pour pouvoir être lié aux autres. Comme s'il m'était impossible d'obéir à aucune autre injonction que celle du style, de l'envie ou de la pulsion. Comme si ce qui importe en moi devenait de plus en plus capricieux à mesure que je lui sacrifie ma vie. Comme si le monstre n'était pas tant dangereux à cause des états émotionnels dans lesquels il me fait voyager qu'à cause de sa nature vampirique. Et que le drame dans cette histoire c'est que plus il prend de place plus je me fous du reste. Et qu'en plus de tout ce drame me rend heureuse comme jamais. Et qu'en plus de tout il me semble qu'il est le seul à même de me permettre de voir le monde tel qu'il est . Que ce vilain petit monstre qui m'arrache à tout ce qui en vous sonne faux est ma seule fenêtre sur le monde et que je l'aime.
La bonne vieille méthode, celle des cinq minutes volées entre trois lectures à peine entamées et deux découvertes sonores sans grand intérêt. Voilà comment j'écris. Je le dis parce longtemps je me suis demandée comment les autres faisaient, à quel moment ils convoquaient le démon. Ce qu'ils lui donnaient pour l'apaiser et lui faire dire ce qu'il y a à dire. Je n'ai toujours pas trouvé. Ce que je peux te dire c'est que je vis pour écrire et que donc quand tu vis à mes côtés tu sais que ça va finir par écrit. Pourtant, et ça me semble assez évident, on s'en fout totalement de ce qu'on fait côte à côte et de ce que ça signifie pour toi d'être à côté de moi. Le détail de l'activité et des raisons qui nous poussent à faire ce qu'on fait. Ce que j'en ai réellement pensé. On s'en bat la race. Qui peut prétendre penser, déjà? Qui peut penser une seule seconde que ce qui importe ce sont les conséquences des actions que nous entreprenons? Il me semble que les actions valent en elles-mêmes, absolument, d'une façon presque sacrée qui fait que l'écriture est un sacrilège. Moi le vilain petit scribe, quand je salis le passé d'un évènement, c'est simplement parce que c'est dans la crasse que les mots me viennent. Si ma mécanique mentale me le permettait, j'écrirais des papillons sur ces mêmes actions. Et papillons ou poissons, faut pas se leurrer, ce n'est pas dans la tonalité de ce que j'écris qu'il faut chercher à me lire. Ce que je fais, c'est figer deux ou trois éléments qui ont importé dans la matière d'un style qui est un matériau. Tu peux étudier ce matériau comme tu pourrais étudier les composantes de tel ou tel béton. Tu peux aussi chercher à saisir les fragments que j'ai voulu capturer. Je ne crois pas que cette recherche soit pertinente pour autant mais tu peux le faire, c'est techniquement possible et ça s'apparente à une forme assez malsaine d'archéologie. Ce qui est magique et que je voudrais arriver à faire dans tous les cas, ces relier certaines expériences radicalement distinctes mais qui résonnent en moi et me permettent d'aller plus loin que la linéarité apparente du langage tel qu'il se présente. Ce que je voudrais faire c'est rendre compte d'un monde qui n'existe qu'en moi bien qu'il soit le même que le tien. Et je ne voudrais pas faire ça pour dire que mon monde est meilleur que le tien. Je voudrais le faire parce que je trouve simplement incroyable cette indécrottable solitude qui nous rend imperméables au monde tout en y étant, dans le monde. C'est débile et c'est limpide et c'est naïf. J'aime cette bêtise. Je la chéris. Je voudrais être la femme la plus imbécile au monde. Je voudrais passer mon temps à faire l'enfant qui observe, constate et dit des évidences mille fois observées mais qui les dit dans sa langue unique et incomparable, indestructible. Je voudrais continuer toute ma vie à être incapable de te dire ce que je fais et à être pourtant obsédée par ce que je fais au point de me foutre du reste. Je voudrais toute ma vie être cette idiote qui doute et qui fait malgré tout. Qui est fière et qui a honte. Je voudrais ne faire que ça. J'espère peut être qu'un jour une phrase touchera quelqu'un quelque part mais ce n'est pas mon but et dans le fond je m'en fous. Je le souhaite mais je m'en fous. Je pense que le geste de l'écriture est égoïste. Je pense qu'il faut être un peu autiste. Je pense aussi qu'il faudrait que j'en finisse avec ce besoin de dire pour que tu comprennes. On s'en fout que tu comprennes. J'écris, qu'y a-t-il à dire de plus? Que pourrait-on ajouter à cette définition déjà lourde de sens? Que plus j'écris moins je parviens à le faire sur commande, comme si le travail tel que je l'entreprends me rendait de plus en plus inapte au travail tel qu'il faudrait l'entreprendre pour pouvoir être lié aux autres. Comme s'il m'était impossible d'obéir à aucune autre injonction que celle du style, de l'envie ou de la pulsion. Comme si ce qui importe en moi devenait de plus en plus capricieux à mesure que je lui sacrifie ma vie. Comme si le monstre n'était pas tant dangereux à cause des états émotionnels dans lesquels il me fait voyager qu'à cause de sa nature vampirique. Et que le drame dans cette histoire c'est que plus il prend de place plus je me fous du reste. Et qu'en plus de tout ce drame me rend heureuse comme jamais. Et qu'en plus de tout il me semble qu'il est le seul à même de me permettre de voir le monde tel qu'il est . Que ce vilain petit monstre qui m'arrache à tout ce qui en vous sonne faux est ma seule fenêtre sur le monde et que je l'aime.
Maxine
http://www.deezer.com/track/60915738
Maxine le rail de coke le matin quand elle se levait. Depuis le lycée. Maxine les yeux explosés et le corps en mode ondulatoire. Depuis le lycée. Maxine que les hommes regardaient pour sa bouche et pour le mode ondulatoire, depuis bien avant le lycée. Maxine les parents. Maxine une enfant.
Et lui qu'elle aimait et qui l'aimait aussi elle le savait mais qui ne pouvait pas s'empêcher d'arracher un à un les quelques mécanismes qu'elle avait conçus pour que sa personne tienne la route. Et lui qu'elle aimait et qui l'aimait aussi elle le savait mais qui lui plantait des poignards dans l'égo, allant du haut vers le bas, arrachant la peau de son être avec une délicatesse effarante. Et lui qu'elle aimait et qui l'aimait aussi elle le savait à tel point qu'elle aurait pu crever de ses mains pour qu'il comprenne enfin à quel point ce qu'il faisait la détruisant le détruisait lui aussi. Et lui qu'elle aimait. Elle aurait voulu s'appeler autrement pour qu'il comprenne. Elle aurait voulu avoir la force de le gifler et pas l'envie de le serrer dans ses bras d'onctuosité. Elle aurait voulu tu vois que sa façon d'être au monde à elle soit un remède à ses maux à lui puisqu'elle voyait très bien dans tout ce qu'il faisait à quel point leurs similitudes dépassaient l'origine de leur maladie mutuelle. Elle aurait voulu lui montrer un à un les mensonges qu'il faisait mais elle aurait voulu ne pas l'amoindrir. Elle aurait voulu lui montrer à quel point sa force incommensurable c'est pas de là qu'elle venait. Elle aurait voulu qu'il lui fasse confiance mais elle savait aussi que pour ça il aurait fallu qu'elle ne soit pas comme elle était.
Quand elle le regardait il flippait de ce qu'il voyait elle le savait Maxine mais elle pouvait pas faire autrement. Fascinée et offerte là où elle aurait dû et pu être elle et forte mais Maxine c'est pas ça elle sait pas réagir avec stratégie. Elle donne à voir ce que son corps fait comme mouvements comme seul témoignage d'authenticité. Elle donne ses yeux comme seule expression sincère. Elle serre ses mots très fort dans son gosier pour pas se laisser aller à mentir. Et Maxine qui de toute façon quand c'est comme ça peut pas faire autrement que de montrer comment elle est profondément, merveilleusement, sensuellement tarée. Maxine un jour va crever c'est forcé mais Maxine aura aimé la vie comme on baise un amant: avec intensité.
Inspired by A.P.'s Chanel, mixed media on glossy paper
Maxine le rail de coke le matin quand elle se levait. Depuis le lycée. Maxine les yeux explosés et le corps en mode ondulatoire. Depuis le lycée. Maxine que les hommes regardaient pour sa bouche et pour le mode ondulatoire, depuis bien avant le lycée. Maxine les parents. Maxine une enfant.
Et lui qu'elle aimait et qui l'aimait aussi elle le savait mais qui ne pouvait pas s'empêcher d'arracher un à un les quelques mécanismes qu'elle avait conçus pour que sa personne tienne la route. Et lui qu'elle aimait et qui l'aimait aussi elle le savait mais qui lui plantait des poignards dans l'égo, allant du haut vers le bas, arrachant la peau de son être avec une délicatesse effarante. Et lui qu'elle aimait et qui l'aimait aussi elle le savait à tel point qu'elle aurait pu crever de ses mains pour qu'il comprenne enfin à quel point ce qu'il faisait la détruisant le détruisait lui aussi. Et lui qu'elle aimait. Elle aurait voulu s'appeler autrement pour qu'il comprenne. Elle aurait voulu avoir la force de le gifler et pas l'envie de le serrer dans ses bras d'onctuosité. Elle aurait voulu tu vois que sa façon d'être au monde à elle soit un remède à ses maux à lui puisqu'elle voyait très bien dans tout ce qu'il faisait à quel point leurs similitudes dépassaient l'origine de leur maladie mutuelle. Elle aurait voulu lui montrer un à un les mensonges qu'il faisait mais elle aurait voulu ne pas l'amoindrir. Elle aurait voulu lui montrer à quel point sa force incommensurable c'est pas de là qu'elle venait. Elle aurait voulu qu'il lui fasse confiance mais elle savait aussi que pour ça il aurait fallu qu'elle ne soit pas comme elle était.
Quand elle le regardait il flippait de ce qu'il voyait elle le savait Maxine mais elle pouvait pas faire autrement. Fascinée et offerte là où elle aurait dû et pu être elle et forte mais Maxine c'est pas ça elle sait pas réagir avec stratégie. Elle donne à voir ce que son corps fait comme mouvements comme seul témoignage d'authenticité. Elle donne ses yeux comme seule expression sincère. Elle serre ses mots très fort dans son gosier pour pas se laisser aller à mentir. Et Maxine qui de toute façon quand c'est comme ça peut pas faire autrement que de montrer comment elle est profondément, merveilleusement, sensuellement tarée. Maxine un jour va crever c'est forcé mais Maxine aura aimé la vie comme on baise un amant: avec intensité.
Inspired by A.P.'s Chanel, mixed media on glossy paper
http://youtu.be/5qSs4IV7mQQ
It's in your eyes darling I saw the light
Their lids, immense, my hope started
To jump around the room like a baby
Cat
Released.
Now that saddness falls upon me like an
Uninvited guest to a bright party
Filling my body from heels to hairs
From the depth of my nails to the void of
My vagina from my bleeding nostrils
to my flickering knees.
I know I like the pain and I asked for it
And I wished your unprotected dick was like
A poisoned dagger stabbering my guts. At the same time
You know I believed something was true and beautiful
You know when I lie and you know when I don't say the truth
You know my silence and you know why eventhough I never told you
You know now as you knew before how people with a moon like ours
You know don't you?
It's in your eyes darling I saw the light
I had been waiting for, the light I didn't
Believe in anymore.
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It's in your eyes darling I saw the light
Their lids, immense, my hope started
To jump around the room like a baby
Cat
Released.
Now that saddness falls upon me like an
Uninvited guest to a bright party
Filling my body from heels to hairs
From the depth of my nails to the void of
My vagina from my bleeding nostrils
to my flickering knees.
I know I like the pain and I asked for it
And I wished your unprotected dick was like
A poisoned dagger stabbering my guts. At the same time
You know I believed something was true and beautiful
You know when I lie and you know when I don't say the truth
You know my silence and you know why eventhough I never told you
You know now as you knew before how people with a moon like ours
You know don't you?
It's in your eyes darling I saw the light
I had been waiting for, the light I didn't
Believe in anymore.
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Lison
http://vimeo.com/53004054
Lison sortait son chat au bout d'une laisse. Pendant des mois, il avait tiré sur la laisse. Il essayait de se barrer. Il se jetait sur les jambes des passants. Pendant des mois, Lison l'avait trainé comme ça sur le sol, toutes griffes dehors et le regard acéré. Il pipait pas et tout le monde disait que c'était pas normal un chat comme ça au bout d'une laisse. Elle s'en foutait Lison que ce soit normal ou pas le chat, la laisse. Tout ce qui comptait pour elle c'était de pas être seule quand elle allait entrer dans le café. C'est que depuis des années en fait Lison se droguait au zinc des cafés. Les couleurs des zincs de cafés usés par le temps et par le passage des coudes, des plateaux et des tasses de café. La monnaie qui tinte à chaque fois différemment mais toujours avec cette qualité métallique qui lui faisait mal aux dents. Une douleur agréable qui faisait qu'elle se léchait systématiquement les babines. Dans sa tête. Pour pas faire peur aux gens. Parce qu'avec le temps c'était devenu de plus en plus difficile de trouver des gens pour l'accompagner. Non qu'elle soit intolérable le soir dans les bars. L'alcool se voyait principalement dans ses yeux et dans ses joues gonflées. Ça la rendait pas méchante ou débile. Mais des gens tous les soirs pour l'accompagner avec le temps c'est compliqué. Il y avait les histoires de coeur qui sont le pire fléau. Qui enferment les gens sur eux, en eux. Qui leur donnent de l'importance et où ils voient pas comme ils meurent à petit feu (on dit ça parce que leurs organes fonctionnent encore mais pour de vrai c'est tout d'un coup: l'amour et la mort, pareil, simultané, comme un poisson dans un bocal). Il y avait depuis quelques temps et c'était pire encore les enfants. Parce que ça donne de l'importance les enfants. Toutes les bouches autrefois amies et maintenant plissées autour d'un mot laid comme responsabilité. Il y avait aussi la condescendance cadre supérieur. Tu vois moi le boulot. La nuit dormir. Etc. L'inquiétude finalement du cadre sup père de famille et amoureux: mais tu vas pas te saouler tous les soirs non plus Lison? Et sinon qu'est-ce tu fais pour gagner ta vie?
Dans l'absolu c'était pas vraiment un problème puisque la solitude elle aimait ça Lison. C'était juste les portes d'entrée des bars et des cafés qui la faisaient flipper. L'angoisse des regards. La peur. Le vertige. Le manque de protection. C'est pour ça qu'elle avait acheté une laisse au chat. Pour qu'on regarde le chat pendant qu'elle s’agrippait à la vie et au comptoir. Pour que le chat ronronne un peu aussi avec son regard féroce et ses griffes de pacotille. Pour qu'on s'imagine qu'elle aussi était douce et cruelle. Et puis maintenant le chat, histoire de bien faire taire tout le monde, paradait solennellement au bout de sa laisse comme un prince, comprenant son rôle crucial dans les échappées de Lison. Attirant l'attention des clients du bistrot quand elle sombrait pour qu'elle ait le le temps de reprendre ses esprits. Ondulant entre les jambes des passants quand il voulait la faire rire. Plongeant ses moustaches dans son vin quand il voulait la faire taire. Mettant son derrière sous son nez quand l'heure de rentrer approchait.
Inspired by a crocodile
Lison sortait son chat au bout d'une laisse. Pendant des mois, il avait tiré sur la laisse. Il essayait de se barrer. Il se jetait sur les jambes des passants. Pendant des mois, Lison l'avait trainé comme ça sur le sol, toutes griffes dehors et le regard acéré. Il pipait pas et tout le monde disait que c'était pas normal un chat comme ça au bout d'une laisse. Elle s'en foutait Lison que ce soit normal ou pas le chat, la laisse. Tout ce qui comptait pour elle c'était de pas être seule quand elle allait entrer dans le café. C'est que depuis des années en fait Lison se droguait au zinc des cafés. Les couleurs des zincs de cafés usés par le temps et par le passage des coudes, des plateaux et des tasses de café. La monnaie qui tinte à chaque fois différemment mais toujours avec cette qualité métallique qui lui faisait mal aux dents. Une douleur agréable qui faisait qu'elle se léchait systématiquement les babines. Dans sa tête. Pour pas faire peur aux gens. Parce qu'avec le temps c'était devenu de plus en plus difficile de trouver des gens pour l'accompagner. Non qu'elle soit intolérable le soir dans les bars. L'alcool se voyait principalement dans ses yeux et dans ses joues gonflées. Ça la rendait pas méchante ou débile. Mais des gens tous les soirs pour l'accompagner avec le temps c'est compliqué. Il y avait les histoires de coeur qui sont le pire fléau. Qui enferment les gens sur eux, en eux. Qui leur donnent de l'importance et où ils voient pas comme ils meurent à petit feu (on dit ça parce que leurs organes fonctionnent encore mais pour de vrai c'est tout d'un coup: l'amour et la mort, pareil, simultané, comme un poisson dans un bocal). Il y avait depuis quelques temps et c'était pire encore les enfants. Parce que ça donne de l'importance les enfants. Toutes les bouches autrefois amies et maintenant plissées autour d'un mot laid comme responsabilité. Il y avait aussi la condescendance cadre supérieur. Tu vois moi le boulot. La nuit dormir. Etc. L'inquiétude finalement du cadre sup père de famille et amoureux: mais tu vas pas te saouler tous les soirs non plus Lison? Et sinon qu'est-ce tu fais pour gagner ta vie?
Dans l'absolu c'était pas vraiment un problème puisque la solitude elle aimait ça Lison. C'était juste les portes d'entrée des bars et des cafés qui la faisaient flipper. L'angoisse des regards. La peur. Le vertige. Le manque de protection. C'est pour ça qu'elle avait acheté une laisse au chat. Pour qu'on regarde le chat pendant qu'elle s’agrippait à la vie et au comptoir. Pour que le chat ronronne un peu aussi avec son regard féroce et ses griffes de pacotille. Pour qu'on s'imagine qu'elle aussi était douce et cruelle. Et puis maintenant le chat, histoire de bien faire taire tout le monde, paradait solennellement au bout de sa laisse comme un prince, comprenant son rôle crucial dans les échappées de Lison. Attirant l'attention des clients du bistrot quand elle sombrait pour qu'elle ait le le temps de reprendre ses esprits. Ondulant entre les jambes des passants quand il voulait la faire rire. Plongeant ses moustaches dans son vin quand il voulait la faire taire. Mettant son derrière sous son nez quand l'heure de rentrer approchait.
Inspired by a crocodile
Halloween
http://youtu.be/lzQ8GDBA8Is
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