Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Voilà un pli

Les mains crispées sur l’édredon, la fille s’ennuie. Son corps en spasmes chantilly.
Ravi, l’homme capte l’onde subsensorielle de la fleur. Comme une pompe à vélo brisée, il fuit. S’agrippe à son nombril prométhéen.
Les nuits sont douces et l’amende amère. T’as pas peur sous la peau les viscères suintent. Moniteur du pli ombrageux de tes cils. Maman. Oubli.

Trois jours plus tard une place, des arbres et l’eau qui pue dans la fontaine marécageuse. Jeunesse et fantasmes. Il m’a tant chatouillée que j’en ai ri. Ça coulait dans mes mains et sur mes joues. Les parents discutaient jasmin.

Plus loin un train défile portant des idées à la pelle. Toutes ratées.

Soie impossible au toucher par manque de lignes sur ses doigts. Il froisse donc, perfore et ne saisit jamais. Enroulés, ongles-os jaunis. Gauloise brunie. Mon infini.

Plus tard, il a fait un angle droit avec le sol de son quartier préfigurant la courbe de sa sortie. Tangente. Un ange écrabouillé.

A dix ans plus un moins. Vingt jusqu’aujourd’hui. Mathématiques existentielles. La nuit quand je m’endors, c’est ton visage qui vient me hanter. Et le frigo de murmurer. Seins tout serrés, poings déliés. Masques accumulés.

Trop d’accidents évaporés. Le pli sauvé. Ta perspective m’ennuie. La fille s’ennuie. L’édredon s’ennuie. Reste l’homme qu’a toujours rien compris.

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