Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

des mutants après 4000 ans d'usage

L’horreur. Pas du tout terrible. La lumière belle, les feuilles jaunes et pires encore. Mais c’est toute la douceur accumulée. La faim à saturation. Impossible de me passer de ça, toi. Et pourtant le grand bol d’air. L’amour un rapt. Les narines plissées. Récurrente image probablement trouvée dans un conte de fées. C’est dérangeant l’appétit. Ça envahit. La joie de vivre. Si tant est qu’on puisse un jour le formuler. Parce que la lourdeur du thorax qui s’inscrit. D’aucuns diraient crispé à cause du froid. Mais de quel froid. Ça c’est ce qu’on ne veut pas qualifier. L’origine du mot valise. Là pour couvrir, pour neutraliser ce qui est. Mot vermifuge. Pour ne pas dire l’étendue. Que toi tu sois que tu cherches comme moi à être humain. Alors voilà dans la pièce assise sur le canapé jaune qui n’est pas mien à me demander pourquoi lever une jambe, un bras. Et dans cette pièce froide, humide, les objets menacent. Pas vraiment puisqu’ils ne vont pas se lever et m’acérer. Mais ils menacent ne savent pas attendent sans rien. Retour. Les déplacer, ce qu’il faudrait. Les ordonner. Ouvrir un peu les pans et aérer. Allumer quelques feus. Mouvoir. L’eau sur le corps aussi, pour faire couler. La brume pue sur les vitres en plexi. Tabac froid. Corps morts. Et toutes les cellules. Quelque part entre la molaire et la langue reste le goût de ce qui palpite sous la chair. Avoir vu un œil décalotté et pensé végétal. Sur l’écran, le huit s’est mué en neuf. Blanc sur fond noir. L’alarme s’est tue. Only humans. C’est la radio qui crache. Ensuite une voix claire surenchérit pour dire que seulement nous. Ça parle beaucoup de silicium. Et c’est le mot de moraline qui surgit. Bon bonbon.

Il y a par ailleurs une corneille qui me poursuit. Déjà par trois fois dont une qui s’est soldée par la bête qui interpelle avant de se dissimuler derrière la roue d’un scooter. Le tout en une seule semaine. Je ne sais pas s’il est possible de concevoir à quel point croiser le fer. Mais un soir je suis rentrée au canapé qui n’est pas mien parce que je n’arrivais pas encore à aller jusqu’au lit et le drap qui séchait sur la porte était posé sur le rebord de la machine à laver. Il y a donc un plusieurs à considérer.

Bien plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui, je cherchais l’élan. Encore me diras-tu. Et ton sourire déchirera. Mais où. Parce que finalement descendre l’escalier, c’est déjà l’aventure.

Et fendre l’air en faisant grincer les pédales. Qui ne sont pas réellement ce qui grince mais trouver l’origine ça m’a toujours dépassée.

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