Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

le b.a.-ba

Il absorbait l’espace du chant, celui du temps. C’est-à-dire qu’il grignotait, on le voyait dans le creux de ses joues, sous sa langue, entre ses dents, le disponible. Tu comprends ? Porté par un désir de soi, un anté-soin de l’amont (les mains frottées au figuré dans le noir d’une insomnie), une façon d’être difficile à cerner. Très efficace au demeurant. Il fallait plier parce qu’il ne cédait jamais, sa forme de jouissance dans l’attente, espace du temps, de l’entre temps, la fulgurance des douleurs inopinées mais très cinglantes comme il fallait. Impossibles à cerner. Aujourd’hui encore, le parler achoppe. Il essaie mais se brise à la lettre. Et c’est la langue qui s’effondre entre le palais et les dents, incapable d’exploser comme il le faudrait et produisant parfois une salive improbable, des sons stridents. Des gouttes de regards, de respirations à peine retenues, rien. Rien à avancer pour dire ce qui était. Les couleurs étonnantes d’un corps. Urbaines. Les attentes et les silences trop rares, interminables. La proie volontaire un peu vermine. Les étals animés de la télé. Tous les écrans accumulés en un point visqueux. La léthargie qui n’est pas ennui. L’envenimé de celui qui croit que le mot et qui est expulsé. Les avis étonnants des uns. Le manque de clémence. L’imprudence. L’ivresse. Banalité des vers qui se meuvent et creusent des sillons. La terre qui respire, le b.a.-ba. Un jour disparaîtra. Un jour pas loin, un jour comme ça où le soleil ou la pluie. Où le ciel gris. Cils figés. Penser écarquillé. Penser pas. Pas penser, être. Comme il faut, comme ils disent qu’il faut.

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