Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Pivoines

Rose et blanc sur la table bigarrée. Rose et blanc dans cette spirale infinie de toi à moi ; avant, après, pendant le petit pot de lait. La tendresse maternelle et le repos tant mérité, le nid douillet de ta grand-mère, le bois foncé du lit ancien. Je vous ai fait un œuf à la coque et un café bien serré. La radio grésille, le soleil brille et les tomates poussent dans le potager. Vous reprendrez bien du gâteau ?

Sur la pente arborée du supermarché, on fume des clopes en pensant à demain, quand il m’aimera. On pense à demain parce que demain on écrira comme Marguerite, parce que demain nos phrases seront vraies et nos mères souriantes.

Tu sais, il est dur mais il est faible. Il souffre et refuse. Il ne sait pas trop comment faire. Je le sais, je l’ai vu dans son regard. Et je sentais sa présence dans mon sillage, dans ce chemin encore enfantin qui me menait de mon lit à cette salle de classe.

Il me disait « quand je te vois dans la cour, je me pose toujours la même question. » Tout ce que je voyais, moi, c’était les forces invisibles qui nous clouaient à des mètres l’un de l’autre, inconnus dans cette marée humaine qui succédait pourtant à nos intimes jeux d’enfants.

Tu souriais toujours à mes convictions naïves, à mon émoi profond pour ce regard pénétrant. Tu pensais peut être que je me fourvoyais mais tu aimais ma candeur, ma certitude inébranlable de son amour, de notre évidence. Tu reprendras du café ?

Il se demandait en fait s’il m’arrivait de me balader nue sur les plages du 14 juillet. Moi, ma peau blanche et ma pudeur avons rougi. On s’était peut être mal compris.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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