Succession de matières rebondies, cheveux doux, regards vivants: c'est le week-end. Comme calfeutrée dans un duvet géant, on pourrait presque s'endormir. Pression ultime, éjection. Bousculades sur le quai de la station République. Les wagons crient, les portes claquent et les gens passent, se frayent un chemin.
Ballottée à contre courant de ce flot humain pressé. Pourquoi ce nom, « République »?
D'abord le vert de la veste, semblable au gris des murs. La sobriété de l'expression, aussi inhumaine que la mécanique du lieu. La répétition du vert: une rangée d'employés RATP. Du brouhaha insupportable de cette fin de journée, les hurlements du puant ne se détachent que vaguement. Seul. Temps. Justice. Attente. Des mots solennels pour un vendredi, 19h30.
La marée est basse, la prochaine vague est programmée dans deux minutes. C'est au tour du quai d'en face d'être submergé, mais le choc du regard qui rencontre enfin le sol rend impossible toute appréhension du contexte global. Sous la succession de pieds, de jambes en flanelle brune: un amas. Noir, le manteau. Bleu, le pantalon. Invisible, la chair. C'est une flaque qui s'étend, qui veut couler le long du quai, descendre sur les rails, assombrir l'atmosphère morne et grise du métro. C'est de détresse que le puant tremble.
Continuer, ignorer: qu'est-ce que ça change? Tous les jours, qu'ils disent, tous les jours. Alors bon.
Dans les couloirs, il trottine. Armé d'une guitare, il se retourne sur les gens, les bloque d'un regard hagard « je suis le troubadour du Roi! » Le dernier mot est hurlé, violemment. Il répète, inlassablement. Il déambule dans les couloirs. A l'entrée du quai de la ligne 11, il saute sur place « J'veux du poulet rôti! J'veux du poulet rôti! J'veux du poulet rôti! J'veux du poulet rôti! ».
Avançant comme ça, sans trop savoir pourquoi, le long du quai. Pourquoi ce nom, « République »?
Deux femmes regardent le troubadour autoproclamé: « Tout ce que je demande, c'est qu'il ne saute pas sur la voie, je suis trop fatiguée. »
Ballottée à contre courant de ce flot humain pressé. Pourquoi ce nom, « République »?
D'abord le vert de la veste, semblable au gris des murs. La sobriété de l'expression, aussi inhumaine que la mécanique du lieu. La répétition du vert: une rangée d'employés RATP. Du brouhaha insupportable de cette fin de journée, les hurlements du puant ne se détachent que vaguement. Seul. Temps. Justice. Attente. Des mots solennels pour un vendredi, 19h30.
La marée est basse, la prochaine vague est programmée dans deux minutes. C'est au tour du quai d'en face d'être submergé, mais le choc du regard qui rencontre enfin le sol rend impossible toute appréhension du contexte global. Sous la succession de pieds, de jambes en flanelle brune: un amas. Noir, le manteau. Bleu, le pantalon. Invisible, la chair. C'est une flaque qui s'étend, qui veut couler le long du quai, descendre sur les rails, assombrir l'atmosphère morne et grise du métro. C'est de détresse que le puant tremble.
Continuer, ignorer: qu'est-ce que ça change? Tous les jours, qu'ils disent, tous les jours. Alors bon.
Dans les couloirs, il trottine. Armé d'une guitare, il se retourne sur les gens, les bloque d'un regard hagard « je suis le troubadour du Roi! » Le dernier mot est hurlé, violemment. Il répète, inlassablement. Il déambule dans les couloirs. A l'entrée du quai de la ligne 11, il saute sur place « J'veux du poulet rôti! J'veux du poulet rôti! J'veux du poulet rôti! J'veux du poulet rôti! ».
Avançant comme ça, sans trop savoir pourquoi, le long du quai. Pourquoi ce nom, « République »?
Deux femmes regardent le troubadour autoproclamé: « Tout ce que je demande, c'est qu'il ne saute pas sur la voie, je suis trop fatiguée. »
2 commentaires:
Grave de réalité.
Très bien écrit.
J'adore vraiment.
Merci Fla*
Enregistrer un commentaire