Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Degré Zéro de l'écriture

Tu le sais ça, que tout ce que je vois moi c’est ta délicatesse. Que tout ce que je sais c’est que je ne comprends rien à rien. Que je suis incapable d’expliquer. Que je ne peux même pas raisonner en termes de type d’envie puisque je vois très bien cette putain d’attitude ce qu’elle dit en vrai sur le fond de ta personne et que ce n’est pas la première fois que ça m’arrive ça cette sensation étrange de savoir qu’en fait je ne devrais pas du tout être là comme ça. Comme si tout à coup je devenais homosexuelle non pas de genre mais de type d’envie. Deux prises et pas de branchement puisqu’on veut tous les deux se faire frapper.

Je sais que je vois juste on me l’a dit c’est comme si je promenais ma chair sans peau dans la vie. C’est sûr ça fait que je suis infectée, fragile et malade comme un chien tous les jours de l’année mais ça fait aussi qu’on peut pas me mentir à moi. Que je sais ce qui sonne juste et faux. Que je suis une handicapée exacerbée de la vie.

Et d’ailleurs ma chair à vif, ma fleur de peau sans peau, tout ça. Tu le sais toi que c’est ce qui fait que j’écris encore toujours et qu’à chaque mot que je formule je m’éloigne un peu plus du vrai tout en le cernant un peu mieux. Et tu crois peut être que de faire ça c’est une façon de m’exprimer. Que je préfère l’écriture à la vie parce que c’est ce que je crie partout. Si tu croyais ça, remarque, tu serais dans le vrai. C’est ce que je veux de toute ma volonté. C’est ce que je désire de toute ma libido. Le seul problème, c’est que c’est mortifère. Ecrire moi ça me tue. Chaque mot me rapproche de la mort. Plus que l’alcool. Plus que n’importe quelle autre drogue. Plus que le sexe non protégé. Plus que les coups. Plus que tout.

Note : quand j’écris sur toi, pire encore que quand j’écris sur moi ou sur n’importe quel autre, je perds ma langue. Le plus significatif : les genres se mélangent et je me met à nommer le chaise et la tabouret comme un putain d’anglais qu’a rien compris aux déterminants en français. Je deviens folle, je gratte la peau du réel. Je ne regarde plus les gens. Je longe les murs. J’ai peur du dehors. Je crois que tous les passants veulent me tuer. Je méprise tous ces tubes digestifs qui se font appeler êtres humains alors que d’humain ils n’ont que l’apparence. Qu’ils camouflent sous des billets convertis en cuir c’est sûr. Humanité qu’ils clament haut et forts à coup d’avis bien arrêtés sur des choses sans importance.

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