Polly tout le monde lui disait non mais tu vois quand t'es fâchée c'est que tu dois te soulager. Tu t'énerves. Tu rougis. Tu blêmis aussi. Ta mâchoire se serre et quand on te parle de charcuterie tu vomis. Polly disait non. T'as pas compris. T'as vraiment rien compris. Mordait un ongle, penchait sa tête un peu à gauche et se taisait. Polly souriait mais ne souriait que d'un coin seulement. Ensuite Polly s'esclaffait. Polly, tout le monde savait, était tarée. C'est que Polly semblait réagir plus que penser. Enfin ça c'est logique, Polly était une femme.
Polly buvait du whisky avec des glaçons parce qu'on lui avait dit c'est mal. Le whisky, la pire haleine et les glaçons, c'est vulgaire. Le matin quand elle se levait décoiffée, Polly riait avec sa voix un peu brisée et Polly allumait une roulée. Du café et des amants. De la musique assez variée pour parcourir le rollercoaster de ses émotions de la veille. La fenêtre ouverte sur la cour grise et la cour grise camouflée par une végétation luxuriante. Le maquillage de la veille étalé sur son visage, des restes de sueur entre autres. Les yeux brillants. Polly la fête elle aimait ça. Oui.
Midi arrivé, Polly disait je garde l'eau de ta bouche, le goût de ton mot de trop. Le goût de ce mot qui a émergé comme un bouton de fièvre. Une fleur atroce venue afficher sur tes lèvres à toi le désir que tu avais de moi. La pustule géante de l'envie qui tordait ton visage quand tes mains ne t'appartenaient plus. Cette laideur-là qui fait que t'es joli garçon. Cette magie-là qui montre la bête que tu es quand tu es toi et que tu es à moi. Tu sais, quand tu gifles malgré toi et que tes yeux s'excusent, inquiets tandis que ton torse se bombe, parfait.
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