Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Margaux

Cup of coffee went down nice tonight/I had been feel a bit moodkey/Then I sit up straight and proud, I knew I was a man/Thought mama: "He done me proud."/Here comes a cocaine man/Here comes a night/We wear friendly smiles/All night/Get better Lucifer's grave/Pray it never stop 

Margaux quand elle vit la nuit pense beaucoup à ce qu'elle vit. Elle essaie de faire en sorte de le vivre bien. D'en tirer un max. De donner le change sans trop en faire non plus mais sans hésiter à faire ce qu'il faut s'il le faut et comme il faut. Après, quand le jour arrive, Margaux angoisse. Peut être que c'était la dernière nuit de sa vie et peut être qu'elle l'a pas compris ça, l'importance de ce qu'elle vivait là. Peut être que plus jamais cette bite là dans son corps à elle. Un sang d'encre qu'elle se fait comme ça à se demander tout le temps où commencent et finissent les histoires qu'elle tisse et qu'elle rompt à mesure qu'elle tente de rester en vie. L'horreur des questions qui irradient son cerveau comme des décharges électriques. La valse des amants qui en réalité n'en sont pas mais auxquels elle croit.

Margaux croit aussi beaucoup à l'instinct qui fait que tu pourras jamais vraiment calculer ce que tu dois faire et que la meilleure option reste de vivre ce qui est à vivre quand ça arrive. Mais quand même, parfois il faut justifier, souligner, faire rêver. Margaux fait donc n'importe quoi pour se faire remarquer sans jamais dire ce qu'elle ressent vraiment au cas où qu'ça serait pas pareil en face et qu'elle l'aurait dans l'os sa franchise. Margaux a beau être faible, elle ne pense qu'en termes de rapports de force. Et puis Margaux parano, Margaux rivalise, Margaux analyse et compare et tire des conclusions improbables de situations et de gens qu'elle ne connaît même pas. Margaux vit de ça. Margaux assise dans son lit avec ses doigts pour compter et sa tête pour calculer.

Un jour Margaux dans la rue, la jupe relevée et des mains sur son cul a pris une claque. Un homme passait, pour lui c'était le matin tandis que pour elle la nuit n'avait pas commencé. La jupe et les collants et la culotte figurants d'une scène qui lui en bouchait un coin. La justesse du moment qui s'amusait à lui crever le coeur et à remplir sa bouche de miel. Le rire qui durait depuis deux heures déjà et qui ne s'éteindrait que bien plus tard pour repartir de plus belle à chaque fois que ces mains-là sur ses fesses ou sur son front c'est pareil. Le rire libérateur et infini qui la parcourait quand elle ne mourrait pas d'envie. Le rire qui répondait au présent à ses question conditionnelles. Ta gueule, jouit.


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