Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Sybille

« Les hommes comprennent rarement l'humour après le sexe. » 
Facebook , message privé, dimanche 15 juillet 2012 

Sybille faisait des allers-retours incessants de l’ennui à l’amour. Son cœur ouvert, offert, bien intentionné. Son corps disponible, pour ne pas dire affamé. Son esprit rempli de mille clichés. Son esprit aveuglé par ce qu’elle appelait son besoin de sécurité – un terme qui ne signifiait rien d’autre qu’une envolée d’ego sauce libido. Les bien pensants et les bien intentionnés (ces gens qui connaissaient les règles du jeu et qui savaient sa capacité à provoquer l’irréparable) lui disaient de se taire, ou plutôt de faire taire ce qui en elle n’était pas normé.

Sybille, la nuit, marchait sur le boulevard de Clichy. Dans ses veines, la nuit, ça sentait le whisky. Ses yeux fouillaient le paysage urbain à la recherche du grand voyageur de Paris. Jamais le même mais toujours pareillement flouté par les effluves de son sang alcoolisé. Ce que Sybille cherchait n’avait pas de forme déterminée, c’était plutôt une somme de sensations. La capacité d’enfoncer sa porte ouverte. La force de retenir sa chair le temps que durerait la nuit. La désinvolture. La présence. La distance. Quelque chose qui sonnerait juste, un rythme particulier.

Le jour ensuite, Sybille en faisait toute une histoire. Brodait de mots les détails de ses combats. Inventait des sentiments. Fabriquait des armures à ses amants. Détruisait leurs pliures. Déconstruisait leurs muscles un à un. Arrachait leur substance. Redessinait leur corps. Eventrait leur essence.

Une fois le cannibalisme terminé, Sybille s’endormait.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les mots coulent, courent
Le style s'affirme, mot après mot
Ne rien lâcher...
Vous m'avez touché, merci infiniment

Claremary a dit…

merci à vous, surtout.