Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa
Ce moment, comme un cran cassé dans le grand rouage du temps. Ce truc que tu n’as pas cherché, que tu n’as pas voulu. La violence de ta peau qui n’en peut plus de joie. Ta salive qui frémit. Quand la pensée se fait violer par la vie.

Ce corps empli de sève,
vert et frais.

Fleur en perpétuelle ouverture loin la putréfaction sanglante du quotidien.

L’émerveillement de ton regard, les décharges qui traversent la pulpe de tes doigts. La netteté, la putain de pureté du sentiment. Le vertige des mots qui savent être face à des hauteurs impossibles à reproduire. La texture de la peau autre qui n’est pas surprenante mais familière. La pluie de Paris qui tout à coup n’est plus gluante. Le constat du gouffre qui sépare l’éclatante simplicité de ce moment des méandres infinis du réel. La langue qui ne saura jamais rien dire. La langue qui s’abimera à fouiller les cendres du sens à la recherche du son juste. La langue qui ira tout en haut des structures syntaxiques dans l’espoir d’y trouver la bonne formule. La langue, épuisée, qui se déposera dans les jointures subtiles de la chair, là où les os se meuvent enfin. Les regards qui s’entre-perforent. Le souffle commun qui claque.

Le mur infranchissable qui se dresse alors, enfermant ce concentré de vie dans un espace inaccessible et intouchable.

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