Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Le Coeur Joli

Le bruit des couverts raclant les assiettes
La bouche qui mastique
La langue qui mélange
La gorge qui avale
La conversation vide
Passe moi le pain le sel le poivre

C’est surtout le souvenir des femmes qui m’énerve. Toujours amies. Toujours âgées. Toujours opulentes mais . La peau sèche, la gorge sèche, la voix défaite et le regard las. Des femmes ennemies. Des femmes dont les contours grincent et dont la langue brûle. Des femmes whisky, des femmes champagne, des femmes Saint-Estèphe et même des femmes Ricard. Des femmes défaites, fantômes d’un souvenir béat. Des femmes toutes plus belles les unes que les autres. Des femmes toutes plus belles que moi. Des femmes mystère. Des femmes par terre. Le regard accroché aux gestes du père. L’espoir d’extraire les ingrédients du cœur ouvert à mes traits. L’envie de creuser dans ma tête pour y trouver la clef du divin. La bêtise du désir et le cercle vicieux : sans leur acharnement, mon aura à moi s’éteint.

Des femmes amoureuses. Des femmes fouineuses. Beaucoup beaucoup de femmes suicidées.

Livres et objets. De l’or serti à leurs crochets d’argent. Luxe morbide et mouvement absent. La façade décrépie de leurs appartements. Les cachets, les lavabos, les toilettes et les voiles.

Si seulement elles savaient.

2 commentaires:

Stéphane Berney a dit…

Je viens de découvrir vous texte. Et à mi-parcours, juste vous dire que j'aime vraiment beaucoup. J'aime ces pulsations. Merci!

Claremary a dit…

Oh, merci*