D’instinct, j’aurais dit que ça se faisait calmement, campé sur ses jambes, après avoir longuement visé la cible. J’imaginais que c’était comme un ogre qui mangerait le jour et ses couleurs, consciencieusement : en mastiquant avec soin. D’autant qu’on les voit, à tous les coins de rue, ces dévoreurs d’images amateurs, en train de voler le dessin d’un nuage ou le rire d’un enfant. Je pensais vraiment que c’était pareil, une histoire de lâcheté : enregistrer la vie ou la vivre. L’ogre se cache derrière son repas de couleurs comme l’enfant enfouit son visage dans les plis de la jupe maternelle. Mais pas du tout, il ressemble à un chat. Il ne vole pas l’image, il vient se frotter à ses jambes et lui dire qu’il l’aime. Il s’approche, il tend l’objectif et il saisit. Ça mitraille. Lui seul sait pourquoi. On voit tous la même chose et pourtant, ce qu’il nous montrera sera le fruit de son œil. On disait qu’elle aller violer la peinture. On disait que le dessin ne faisait plus sens. Quand le dessin, pourtant brillant, s’est inspiré de l’œil et de la profondeur de champ, quand le dessin à joué sur les nuances de blanc, on a cru à une blague. On a dit que c’était parce que c’était lui, parce qu’il retravaillait déjà les papes de Velasquez. On n’avait rien compris.
Cet amour-là
"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."
Yann Andréa
Yann Andréa
Chambre Claire
D’instinct, j’aurais dit que ça se faisait calmement, campé sur ses jambes, après avoir longuement visé la cible. J’imaginais que c’était comme un ogre qui mangerait le jour et ses couleurs, consciencieusement : en mastiquant avec soin. D’autant qu’on les voit, à tous les coins de rue, ces dévoreurs d’images amateurs, en train de voler le dessin d’un nuage ou le rire d’un enfant. Je pensais vraiment que c’était pareil, une histoire de lâcheté : enregistrer la vie ou la vivre. L’ogre se cache derrière son repas de couleurs comme l’enfant enfouit son visage dans les plis de la jupe maternelle. Mais pas du tout, il ressemble à un chat. Il ne vole pas l’image, il vient se frotter à ses jambes et lui dire qu’il l’aime. Il s’approche, il tend l’objectif et il saisit. Ça mitraille. Lui seul sait pourquoi. On voit tous la même chose et pourtant, ce qu’il nous montrera sera le fruit de son œil. On disait qu’elle aller violer la peinture. On disait que le dessin ne faisait plus sens. Quand le dessin, pourtant brillant, s’est inspiré de l’œil et de la profondeur de champ, quand le dessin à joué sur les nuances de blanc, on a cru à une blague. On a dit que c’était parce que c’était lui, parce qu’il retravaillait déjà les papes de Velasquez. On n’avait rien compris.
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