Je me demandais comment tu allais et puis ça m'a fait mal. Tu vois, ce paradoxe entre moi qui m'efface, malgré moi, malgré toutes mes forces, et cette incrustation de vous, en moi. Je ne sais pas pourquoi c'est au-delà, mais je dérive toujours et je disparais. Vous, pourtant, êtes toujours là, au creux de moi, marqués comme au fer blanc. Elles sont vies-vides et vivantes ces images que j'ai de vous. Un présent éternel sentent le café et la fumée de cigarette, le vin rouge et autres mauvais alcools. Je vis, j'y suis, et puis ça passe; les forces me manquent. Le téléphone, parfaite illustration de ce décalage. C'est pourtant simple de faire un numéro, de prendre des nouvelles, tout comme c'est simple d'être en contact, de fréquenter. Mais non, ça me hante, ça me crève, je n'y arrive pas. Je me vois disparaître de vous, comme inaperçue ou peut être comme une ombre effrayante qu'on voudrait oublier. Le manège pour vous continue, vous vivez, le temps file. Et moi je gis dans ce présent solitaire, incapable de tisser. Alors je me demande parfois ce qu'il en est, tout en sachant qu'il n'en est rien vois-tu. Car je suis morte à vous. C'est dans l'été 80 que je t'ai retrouvée, un écho à ta mère, à mon père. Impossible de lire plus loin, tu m'avais déconcentrée. Alors je pourrais faire l'effort si naturel de venir vers toi en te racontant cette anecdote et le reste de ma vie, aujourd'hui. Mais ce serait un mensonge. Anecdotes de ma vie, différentes et similaires d'autrefois, ça a trop et peu d'intérêt pour être évoqué ici. Persistant dans ma lecture, je croise un autocollant magnétique protégeant l'ouvrage fraîchement acheté contre le vol. Je ne saurais te dire pourquoi cet autocollant m'a ulcérée, mais j'ai enfin dû m'arrêter, quitter Marguerite pour m'adresser à toi, pour te dire cette indicible solitude avant d'y retourner. C'est banal comme c'est vrai mais je pense souvent à vous et espère que vous allez.
C.
C.
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