Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Home, let me go home

Je pense que tes quatre-vingts ans viendront avec tes doutes. Ou que tes doutes te viendront à quatre-vingts ans. De toute façon, ce qui compte, c’est qu’ils viendront. Et tu ne sauras plus trop ce qui fait que tu es là, croulant et douloureux dans un fauteuil, à subir le délire sénile d’une comparse dont tu écoutes les redondances depuis tant d’années. Tu te demanderas vraiment comment tu as fait, à tous ces croisements incessants, pour garder tes œillères et filer droit, comme ça, sans demander ton reste, persuadé, justement, d’être dans ton bon droit. Et toutes ces circonstances atténuantes, tous ces moments où tu aurais pu virer de cap, revenir sur tes pas, prendre le temps de te reposer. Je pense qu’avec le temps, les vérités se cristallisent et envahissent les rêves au point de retourner le corps. Je pense qu’avec le temps, on oublie la nostalgie et on accepte l’évidence. Je pense que le temps n’existe pas.

Penchée sur une botte qu’il fallait rattacher pour repartir avant le retour de l’autre. Accrochée à un bras déjà absent. Apercevant au loin la silhouette bien connue. Le regard insistant.

Et la mélodie des possibles, les mélodies possibles. Leur justesse. L’injonction sonore, plus puissante que toutes les explications et plus vraie que tous mes mensonges.

De toute façon, il n’y a que peu d’histoires. Il n’y a qu’une histoire. Peu importe les personnages et les lieux. Peu importe la chair et le sang. Peu importe ces connexions chimiques et les moues dubitatives qu’elles suscitent. Il faudrait jeter les dés et faire les comptes.

Aucun commentaire: