Petit éloge du plaisir

Des petits cris sortent de leurs gorges. Ça halète, ça attend. Ça n’attend que ça et ça s’irrite. Cheveux courts, teintés, brushés. Parfums capiteux et suffisance.

Coups de coudes et chuchotements. Une tête qui se soulève comme une poule qui aurait compris. Ah oui c’est ça, il vient, enfin. Allez, mon Dieu, on n’en peut plus.

Il fait noir, on est nombreux, on s’écrase et on s’entretuerait bien pour un instant privilégié.

Il chante, mon Dieu, il chante!

Je me lève, je me penche, je pousse pour le voir, pour voir mon écran noir s’illuminer, en petit, dans un coin. Ça y’est, je l’ai.

Mais ce n’est pas suffisant, ma voisine s'y met aussi. Ah, était-ce vraiment le bon moment ?

Ça tremble, ça se remue, ça frappe dans ses mains. Oh mon Dieu, c’est divin.

Celle-là aussi est sur le cd, il est temps, oui!

Je me lève, je me penche, je pousse pour le voir, pour voir mon écran noir s’illuminer, en petit, dans un coin. Ça y est, je l’ai.

Et les autres, on s’en fout. O. et A. seront contents, je leur montrerai parce que là, on le voit bien. Non, les autres, on s’en fout, sur scène et sur les gradins, que des cons entre lui et moi. Il m'appartient!

Je me lève, je me penche, je pousse pour le voir, pour voir mon écran noir s’illuminer, en petit, dans un coin. Ça y est, je l’ai.

Lumières blanches et blafardes. Mouvements de masse, on se casse. Heureusement, il n’est pas tard, on pourra rentrer, downloader sur le pc et l'admirer.