Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Le nu perdu

Deux yeux bleus et leurs tâches marron. Voûté au pas lent. Parkinson de la main droite et écriture de cochon. Pourtant, avant, j’avais une très belle écriture. Tout en volutes. Tant pis. Ce sera gauche, ma dédicace.

Dans mes inédits, il y a ce bout de papier. Une note des années cinquante. Un torchon que j’allais jeter. Et puis ça m’a gratté, alors j’ai dû le faire, l’écrire : parler de la lune grouillante et de son regard de mourante dans le soyeux de la nuit. C’est comme ça, il faut céder. Vingt quatre heures trop courtes pour tout noter et les interminables mois où rien ne sort.

Le bleu se lève et devient cette flamme vacillante qui demande : dis-moi que j’existe. Vous savez, j’ai peur. Il y a quelque chose qui me fait peur avec la poésie. On écrit l’amour, on écrit le temps, on écrit les branches d'encre noire sur le ciel azur. Je n’ai écrit que moi, que de moi. Je suis à poil dans mes poèmes. Quiconque sait lire, veut lire, peut me voir nu comme un ver.

Vous croyez que c’était périmé ?

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