Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

 

Tout pour enfin réduire, dissimuler, l’importance de la parole. Désengagée : elle flotte. Et défile là où alors il faudrait lire, agencer les caractères, les arêtes de signes, les constructions, les asseoir. S’évapore en plis de regards, en instants furtifs, à peine perçus, fous, de zygomatiques traitres et tendus, de corps prêts à choir comme l’épi sous la nature du vent. Bêtise. Insupportable bêtise de ce qu’ils furent beaux, de ce que tu étais beau et que toujours un martyr aveugle, toujours un supplicié, un transi. Cela de toi sachant que l’instant serait, qu’il est, qu’il était, et qu’à présent fut : irrattrapable.

Peut-être la carpe sent-elle cela, sortie de l’eau, temps suspendu de sa vie, éclipse, tournant fondamental, pour finalement replonger, sans plus de volonté qu’elle n’en a mis à sortir, à être choisie entre toutes les autres, élue à cet arrachement qui ne se défait pas, ne disparaîtra plus, sera là, dans ses ouïes, ses nageoires, dans chaque ondulation de sa structure, chaque béance de l’orifice qu’elle exhibe tendu hors de l’eau comme on supplie le ciel.

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