Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

achetées         pour les oreilles de ta mère

achetées achetons j’achète

j’entends partout en jachère

achetées

ou j’achète

quand je dis mens achetées j’exclus mon travail mon argent mon geste de retirer cet argent de moi pour l’oreille de ta mère

toute l’activité qui mène à cela

achetée comme on achète

comme je paye déjà d’être un corps le corps

d’être incapable corps de porter

trouée, bouchée

j’achète

il y a cela de non-dit il y a cela

que je bouche

que je sais avoir été bouchée

que la bouche est un orifice qui ici se coince qui ici impossible appelle

bouche

passage tronqué

que l’on ait dit d’abord

que l’on m’ait dit

que j’ai compris

la compréhension, ce que j’entends de prendre avec

l’autre retient

moi je ne porte rien

ni boucles ni corps

aucun enfant

mentir asséchée puisque la chair pend

de porter, mais hors du corps, le chemin de l’enfant

voyageons ensemble par la bouche, par le chemin de ma langue, qui depuis dix ans fournit des recoins des suspens des béances des tonnes d’agglutinements

comme celui de savoir qu’un autre corps a porté un autre enfant,

si l’on revient à l’écriture d’avant

 

acheter

obtenir contre l’argent la propriété et l’usage

de donner

 

 

 

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