Je ne sais pas trop qui paie quoi quand. Je n'y crois pas non plus tellement. Pas plus que je ne crois à la magie d'un monde qui serait parfait. Ce que je sais, que je crois savoir, c'est que plus tu mets ta volonté en travers de mon chemin plus il y a de chances pour que je transforme les objets en projectiles. Plus il y a de chances pour que j'arrache les voiles et les paupières sans considération aucune pour la douleur dans ta chair. Ce qui est triste ici c'est qu'au lieu de ne pas savoir on sait trop et on fait des autres des objets contondants au service de nos douleurs inavouées. Ce qui est bête ici c'est qu'au lieu de voir les gens on ne voit que les usages. Ce qui ne sert à rien ici ce sont ces oeillères terribles de l'ego qui effacent les angles du monde, sa profondeur et ses couches pour nous balancer dans un truc quasi uni-dimensionnel. Ce qui est terrible c'est qu'à force de t'attendre je ne sens plus rien pour toi, pour lui, pour eux - ça ne m'intéresse pas. Je me transforme en bloc de pierre glacial, indifférent. Disponible sans engagement. Corps de cendres.
C'est comme ça qu'elle avait commencé son discours incohérent. Ne sachant pas comment dire ce qu'elle avait à dire. C'est fini maintenant. J'ai plus beau, plus grand, plus fort et fier à penser: moi.
Lui ça l'avait fait marrer parce que justement ce discours-là disait n'importe quoi, il disait que sa méthode à lui sans coeur et sincérité aucune l'avait accrochée elle. Que le poison s'étendait dans les veines et que sa pensée était accrochée à lui jusque dans l'iris explosé de l'après-fête. Qu'il était venu squatter son intime au point de le rendre inaccessible à d'autres. Qu'il fermait la porte de son bonheur à elle, l'enfermant dans son piège-espoir. Qu'elle avait cédé avec une facilité déconcertante, presque ennuyante.
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