Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Elodie

Elle disait c'est pas le coeur c'est la gorge, littéralement, elle a un goût de cendres. Alors je bois du Martini parce que liquoreux ça veut dire que ça colle et que ça choppe les cendres au passage. Parce que ça veut dire que le sucre en saturation va effacer le goût qui envahit ma bouche jusqu'à en gratter ma gorge. C'est même pas des vraies cendres puisqu'en fait tout ce que c'est et la seule raison pour laquelle on en est arrivés là c'est que je me suis noyée dans ma propre crinière que je sentais pour essayer d'occulter les odeurs humaines qui saturent ce lieu dont je voulais être partie il y a des heures déjà.

Oui mais voilà machin et ses amis. La plaie des amis. Faut sourire aux amis alors même que de toute façon je sais déjà ce qu'ils pensent de moi les amis. Propre et nette. Pas funky. Pas libérée. Pas exotique. Pas cultivée. Moi je m'en fous quand machin est avec moi il oublie ce que disent ses amis. Il n'a d'yeux que pour moi. Moi mon corps qu'est jamais hideux même quand je le voudrais. Moi ma gueule et mon sourire et ma façon d'être honnête. Il dit qu'il a jamais vu ça. C'est qu'il a jamais cherché je crois. C'est pourtant pas compliqué. Et ses amis qui savent ça, qui voient mon corps et s'en est dégueulasse qu'ils le retiennent alors que moi tout ce que je veux c'est rentrer m'étendre avec lui et le laisser m'étreindre. Lui reste pensant qu'ils ont des choses à lui dire alors que les regards et les paroles sans subtilité ne trompent pas: je suis de la putain de chair à saucisse. Si au moins j'étais assez conne pour ne pas le voir. Mais non, c'est pire encore de voir parce qu'on ne te le pardonne pas.

Et à force de sentir mes cheveux et d'attendre que machin se décide enfin à ramener son trophée de chasse - moi, putain de moi - chez lui, je me suis endormie. C'est là où tout s'est passé. Dans mon rêve j'étais habillée en plastique et on me promenait dans une bulle transparente de façon à ce que tout le monde me voie. J'avais  l'impression qu'il semblait logique aux yeux de tous de penser que j'étais bénie tandis que moi je me sentais franchement mal et que je rêvais d'un sale pantalon dans lequel zoner en mangeant des pistaches. Et j'étouffais. Littéralement d'ailleurs, c'est ce qui les a alertés, ma toux. Ils disaient, ça faisait comme un masque à gaz sur ta gueule tes cheveux. Mais ta bouche un aspirateur trop gourmand. Tu toussais toussais toussais. T'étais rouge. Ils riaient. Machin m'a dit après qu'il aurait jamais cru mais qu'à un moment il a été rassuré sur mon humanité parce que le rouge et les larmes ça brisait ma beauté qu'autrement il trouvait irréelle.


Inspired by V.M.'s Ahlam chignon coquillage

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