Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Ombres chinoises


Il faisait nuit noire moins les lueurs des réverbères que filtrait la fenêtre opaque.  Il faisait nuit noire moins les monstres dans le couloir. Il faisait froid noir moins les liquides qui se renversaient au sol et le sang qui s’accumulait sur les mouchoirs, sous les narines. Tout avait un sale air d’autrefois. 

Mais pendant un instant, un instant seulement, une main a glissé le long du corps et a pressé sa paume contre celle de l'autre, emprisonnant de ses doigts la fulgurance du doux désir. 

Sourire glacé, figé. Les yeux qui courent. Les bras pliés, serrés. Ceci est un portrait de femme. Lisse et polie – la vie qui hurle à l’intérieur et la gorge pleine de pierres. C’est peut être même le portrait de cet enfant d’argile coincé dans le passé, cet oublié du maintenant.

 Au présent, quand tu souris, tout le monde voit les ombres qui se déploient sous tes yeux.

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