Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Gary Cooper & The Johnsons

Que reste-t-il quand tout a été dit ? Essayer de se convaincre que tout n’a pas été vain, que nos tripes ont parfois battu la chamade, devant un Michel Ange et devant le rythme de ton sang circulant sous l’encre de ta peau, jusque dans ta joue. Apprendre une dernière fois à épeler le mot velu pour dire qu’il ne l’est pas. Désarticuler ses sensations dernières, tenter de les faire émerger pour expliciter ce qui n’est pas réel. Caresser le souvenir des palpitations du désir, quand il était grand et fort, quand il menait la barque et faisait gémir sa cible. Se taire pour effacer le cru charnel, son odeur mortelle. Sourire pour le sacré. Juste un peu, comme par plaisir.

Et le lendemain, quand le jour se lève alors que ma nuit mouvementée n’en finit pas, les restes de l’instant s’incrustent dans mes pupilles, laissent leur emprunte précise dans le pli de mon coude. Au réveil, la pulpe de mon doigt regrette de n’avoir pas osé s’aventurer jusqu’au poignet. S’en suivent des journées interminables et grises, mornes. Dans la commissure des lèvres frémit encore le sentiment de fulgurance, bien vite remplacé par celui du néant. Parce que vouloir n’est pas avoir, je sais que le moindre pas en avant est un pas de moins à faire, un temps de moins à perdre, un geste de plus en direction de ta disparition.

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