Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Le vin, le sang

Le soleil et le café.

Je peux fumer une cigarette ?

Le bras se plie, la manche se soulève et révèle l’écran, les aiguilles et le temps. C’est que le silence embarrassé n’est pas très agréable. Le casque pend au coude, les chaussures sont lacées et le laboratoire n’attend pas. C’est qu’il va falloir y aller.

Hier soir.

Tu veux que je te fasse visiter l’appartement ?

Les murs tanguent, le sol se soulève. Tes tableaux sont plutôt sympas. C’est marrant, on dirait que l’escalier est interminable. Une marche après l’autre, à moins qu’elles ne se répètent. Les pieds bougent sans trop savoir, ils butent, ils escaladent, ils se campent.

Tout à l’heure, le sourire en coin, tu riais de l’énumération impossible : molles, velues, dressées, imberbes, noires, blanches. C’est qu’elles se fondent mais sont le critère de l’importance, sans elle, pas de reconnaissance. C’est que c’est la moindre des choses.

Le bras tendu jusqu’à la main, accrochée au montant de la porte qui dit non : tu ne sortiras pas. Regarde ma belle étagère, assieds-toi sur le hamac, allonge-toi sur le lit. Non merci mais de rien, de rien mon petit ; ça me fait plaisir.

Après tout, tu l’as bien voulu, c’est pas honnête de sourire comme ça. Nous, on pensait tous que tu voulais bien, tu vois, à te tortiller comme ça. C’est peut être le vin, à boire comme ça aussi, c’était évident que t’allais encore y passer. Mais bon, faut pas exagérer, c’est pas comme si il t’avait blessée, il n’y a pas eu de bain de sang, y a pas mort d’homme.

Ce matin.

La porte claque, le moteur démarre, la fumée jaillit et la rue est vide.




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