Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Bagatelle

C’est une chemise à carreaux verts et un pantalon de velours beige. Une tâche jaune sale et le décharné enfoncé dans un fauteuil d’un orange si violent qu’il fait concurrence aux arrogantes lueurs du jour et brûle nos yeux fatigués.

Si tu n’as que des banalités à dire...

Les bras sont bruns mais tâchés de blanc. Des croûtes le ponctuent. Les mains faibles ont des ongles noirs et des gestes raffinés. Une montre en toc se ballade le long de l’avant bras et nargue le poignet de sa structure légère et imposante. On parle voitures de luxe, on parle d’un passé si lointain qu’il se dresse entre nous : notre réalité banale de jeunes actifs, sa réalité décrépie de mort vivant, leur réalité pourrie de sangsues et son idéal passé conjurant l’ensemble.

Instable comme tu es…

Le gobelet en plastique et ses bourrelets qui retiennent les liquides bariolés. Un jeu de devinettes. Noir pour sky, comme un infini aux étoiles pétillantes. Jaune pour l’odeur nauséabonde et l’hystérie de Fred, l’ami du jour qui se présente inlassablement, oubliant systématiquement sa répétition. Rouge sang pour la liqueur qui s’abat comme une massue complice de l’astre cinglant dans le carnage qui étend les boulistes, un à un, les yeux éteints aux pieds des arbres. Amer pour la bière, alcool impossible, incommensurable du père.

Je ne vous ai jamais obligé mais je suis bien content d’en être débarrassé.

A la centième édition de la même histoire, des mêmes intonations, du même détail croustillant, il décroise puis recroise ses quilles. L’heure est aux règlements de comptes.

Tu pourrais être plus féminine, quand même.