Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Sorges 1

Et les fougères dans la cour de cette maison morte, de ce truc décharné et géant qui lui devrait lui servir de toit.

Une femme énorme, aux cheveux gris et au passé douteux qui veut expliquer comment on dépèce un lapin. Elle glisse et sent la mort. Les plafonds contreplaqués, la cave bouchée. Du XVIe au XXe, avec tout le mauvais goût des années 50 en matière de choix architecturaux. Intemporel.

La cuisine, c'est la grange. Le salon, le corps de ferme. Ta chambre, le hangar à foin. Le bassin aux poissons en forme de coeur, envahi d'algues et de têtards. C’était sa maison, elle vous la laisse. Les tables en formica et les chaises de camping qui trônent tristement dans la cuisine géante. L'odeur abjecte de la poussière accumulée.

Le terrain, l'air frais, la nature. Une terre brûlée au goût de cendres, l'œil de l'enfant s'éveille enfin à ce qui préexiste aux contes: l'horreur.

Une liste d'objets usés: gazinière de vingt ans d'âge. Meubles ébréchés. Machines pétardeuses. Tu payes ou je jette.

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