Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Sorges 2

Une jupe bariolée, des boucles d’oreilles et des talons !


Ce n’est rien qu’une autre région: le même pays, son désert chatoyant et mélodieux. Des sons incompréhensibles, des gestes maladroits. Obsédée par la vue de cette fille mate aux airs adultes, quelque chose se rompt. L’autre, avec ses airs féminins avant l’heure porte en elle quelque chose que je n'ai plus. Son regard brillant et ses sourires francs, ses jupes tournantes et ses jambes chaudes. Elle est à sa place, complice du reste de la classe. L’adulte leur parle de choses qui leur sont connues et les sons glissent, inaccessibles à l’oreille de l’enfant grise. Chaussettes blanches, montantes, couvrant des mollets rachitiques et blancs. Robe de feutre gris, rigide et rugueux. Serre-tête de travers mais serre-tête quand même. C’est la seule blonde de la classe. Lunettes rouges et bouche scellée, absente.


Encore l'odeur, d'ailleurs. Ces connus inconnus et la lumière blafarde de la région qui émane des grandes fenêtres aveuglent l'enfant. La douleur vive et l'agressivité du soleil que les autres enfants cageolent.


Rassembler les feuilles, former des lignes géométriques. C'est la cuisine ici. Et le salon là-bas. Il faut balayer, balayer, balayer, pour immaculer les pièces. Les murs de végétaux à même le sol protègent des regards curieux, des regards cruels.


Un cri joyeux et le bruit sifflant du projectile. Les feuilles s'envolent et les garçons courent après la balle. Welcome.

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