Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Mythologies


C’est parce que le diktat du corps pervertit qu’il avait décidé de ne plus la toucher.

C’est que les sécrétions hormonales envoûtent l’odorat servile.

Il l'avait tenue éloignée, pour se désintoxiquer.

La Beauté est fourbe, même à distance.

Il lui fit donc raser le crâne.

Mais les cheveux n’y sont pour rien.

Son esclave écorcha la fille comme on pèle une orange : avec application, en faisant bien attention à ne pas déchirer la peau.

« La cornée se souvient. »

C'est ce qu'il s’était dit avant de s’arracher les yeux avec ses petits doigts boudinés.

Il avait erré comme une âme en peine.

Un spécialiste était venu lui faire une lobotomie, pour cautériser la douleur qui irradiait tout son être.

A la fin, il se fit faire un splendide poignard ; avec un manche incrusté de pierres, travaillé par ses meilleurs orfèvres.

De ses propres mains.

Dans ses toutes petites paumes, il sentit avec délectation la douce chaleur de son cœur enfin apaisé.

C’était le dernier des grands sultans.


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