Engloutis dans le vers urbain, tous sont anesthésiés. Un peu comme si l’effort de digestion de la bête rugissante leur incombait. Ballotés de droite à gauche et d’avant en arrière, cela fait des vies qu’ils évitent de se voir et que leurs faces de marbres sont sourdes aux chants des pustules ambulantes. Depuis peu, pourtant, quelque chose change. Qu’elle soit orange ou blanche, elle ne peut plus être immaculée : ça et là des couvertures se tassent et des matelas s’étalent. Les pustules s’installent. Et, paradoxalement, autant elles débordent de vie quand la digestion anesthésie l’élite, autant leur installation est un exploit de discrétion : dans les stations, les pustules ont l’art et la manière de s’effacer devant le flot humain. Vous étiez morts dans le vers mais ici le temps vous manque. Allez, braves gens ; plongez, la vie a faim de vous. Ici, entre poubelle et distributeur, nous souhaitons mourir en paix.

Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire