Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

 

L’a tout de suite aimé·e. Là. Tout de suite voulu·e. C’est ponctuant. Cela ponctue. C’est un souffle, on ne sent pas la veine vieille comme on voulait le corps nu. C’est à vouloir de penser. C’est sa pensée. C’est à penser qu’iel a voulu. C’est à être lui qu’elle s’est tendue. C’est voyant des mains l et quelle colère l de passion, habitées, c’est la délicatesse de mains vieilles de veines vieilles de luttes

et contrariées

et tendues.

Ce sont ces mains parcourues comme autrefois ces yeux. C’est à écrire qu’on peut aimer. C’est à quoi écrire échoue, ce qui échoue, ce fleuve asséché. Ce sont ces peaux si jeunes, ces corps vivants. C’est cela qui tisse et qui scinde et qui d’écume fait désir de salive fait jaillir les lumières et les ratures et les spectres

Ce sont des spectres

Elle pense à ce que l’iode ferait à sa langue – à ce qu’elle ferait fermant le passage, saturant, à ce pour quoi la prendrait, ce pour quoi

il y a les os sous la peau des ami·e·s il y a leur sang il y a leurs nerfs il y a les dents il y a la langue il y a ce temps, encore, qui sature, comme l’iode

il y a ce temps, encore, qui sature

ce ne sont plus l et qu’écrire alors l les dispositions d’alors

et puisque la chaleur l’eau monte

et puisque la chaleur les veines

sans ombre, à guetter le ciel

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