Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

 

Nous ne voulions pas nous dire, pas dire

ne voulions

ne paraître, enchaînées, cela qu’elle déploie

qu’elle attend

nous voulions écarquillées les anses du port écartelées

attendant que lèchent vagues que lèche sang nous voulions

que l’éclat bien fort du devant, tout avant

voulions que cela se, que la perfection des mains des ombres et de nos articulations

voulions que cela

nous étions sûres cela nous criions mains tendues

jusqu’au sang jusqu’à l’os jusqu’à l’ongle

nous voulions

les pattes tendues la peau tendue les muscles et tendons

 truffe humide

ils sont vrais, chauds et doux dans la boule de joie qu’ils forment

lovés dans l’anse du port que font nos bras

nous pensions que l’amitié

pensions cela que l’amitié était une offrande

que le ciel dessinait l’horizon que la mer lovait

nous pensions qu’il était miraculeux que le miracle était ces os et ces doigts

ces sourires en groseille ces dents de firmament ce qui dans le regard était vrai

était le songe était la pluie de l’été quand le soleil

c’est là l’écran de la vérité

les lumières froides avant la nuit

quand la peau irradie

elle préfère encore nier

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