Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

DIES IRAE

A même plus faim
Sait plus depuis quand
Quoi quand
Pourquoi l’auto comme ça le trimballe
Les rues
Toujours les mêmes jamais pareilles
La nuit novembre
Moite l’habitacle
Et les passants
Leurs excroissances détestables
Les murs et les fenêtres
Sauter

L’auto elle tourne
Et dit qu’elle tourne
Programmée peut-être
A oublié pourquoi comment
Et depuis quand
Elle dit aussi la météo les angoisses
Des hommes des femmes
A cause du froid du chaud
Des enfants impossibles
De la vieillesse
De l’ennui
De la violence
Pourquoi l’auto comme ça le trimballe
Les croisements qui défilent
Et les passants
Leurs excroissances détestables
L’auto lui parle

Le hurlement
L’avait pas vu senti
Mugissement mécanique
Du fond du corps parti
Plus jamais encore
Les murs et les fenêtres
Sauter les croisements
Mozart c’est rien
L’auto recrache mesure
Distord les sons
Mathématique
L’angoisse plus là
La voix cassée
Plus elle plus là
A même plus faim
Pourquoi l’auto comme ça le trimballe
Et depuis quand
Ces rues les mêmes
Et les passants
Moite habitacle
Les mains collées
Et la mécanique intelligente
Les excroissances détestables
Mozart qu’est saccagé
Mozart qu’a jamais su
La rage des chiffres qui dialoguent
L’auto qui crie aussi
Plus de fenêtre
Les passants et leurs excroissances
Détestables
La pensée qui éclate
Les passants et leurs écrans
Le corps crispé
Le reflet sur les faces
Blanc sur noir la nuit
Le corps plus là
Les mains figées
Le hurlement éteint présent
Les fenêtres qui défilent
Allumées ou éteintes
A même plus faim
A même dormi
Jamais sommeil
Les rues pas identiques
Répéter
Du sang dans la rétine
Les visages blafards
Ecrans interposés
Debout couchés pareil
Les appareils
Le miroir de la nuit
Pourquoi l’auto comme ça le trimballe
Les sons stridents
L’ordinateur de bord
Mozart c’est rien
Et les rues qui défilent
Et les passants
Toujours les mêmes partout
Le bout de quoi
Quel autrefois
Pourquoi l’auto comme ça le trimballe
Peut-être le vert des champs
Le hurlement
Les mains figées

Qu’est-ce qu’on en sait, de l’âme des chiffres ?

C’est là que ça pète.
L’auto allait plus vite, toujours accélérant.
Ça, et la pensée amorphe.
Ils savaient, tout savait
La nécessité d’arrêter.
Exploser la chair les os les yeux les dents le sang métal plié.
Machine et homme
Pas issue : résultat de calculs.
Et la basilique a rien senti.

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