Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

13.22.2

C'est évident. Ce qui te fascine toi c'est ce qui grince chez moi. Pas parce que tu t'intéresse à moi. Non. Mais parce que ça grince et parce que le grincement toi, ça te plaît. T'aimerais bien ça toi grincer. Je sais. Je vois. J'ai vu ça. Dans tes yeux dès le début. T'aimerais bien grincer mais tu sais pas tu ne peux pas tu n'oses pas. Comme s'il était difficile de faire le pas le plus simple du monde: celui de céder. On dirait que tu testes la température de l'eau et que, ce faisant, tu te fous royalement de l'impact de tes mots sur les gens. Que tu t'en fous et que tu l'aimes aussi, cette lueur noire qui vient ternir leur regard, le tremblement de leur âme quand tu cherches à la mettre à nu. C'est toujours plus facile de faire vaciller les gens que d'oser montrer ce qu'on cache soi, tout au fond derrière les mots et les gestes dont on se pare. C'est aussi beaucoup plus lâche. Ce n'est pas noble, ça ne mène à rien de bon. A rien d'utile. Et surtout à rien de vrai. D'authentique. Et ce qui n'est pas vrai et authentique ne sert à rien. A personne. Jamais.

Alors c'est pour ça que toi je dis que tu ne vaux rien. Pas comme ça. Malgré ce qu'on peut penser de toi. A quoi ça sert d'enrober de mots une coquille vide. A quoi ça sert de faire le beau quand on défend ce qui n'est pas. A quoi ça sert de prétendre appartenir à la communauté humaine quand on est encore du côté des lobotomisés et qu'on le sait. Parce que, faut pas se leurrer, une fois que tu sais et que tu as vu, t'es responsable de tes choix. Des gens qui meurent à cause de ce que tu dis, aussi. Quand tu souffres dans ton coin mais que tu n'en fais rien qu'un ramassis de crottes bileuses. Quand tu n'admets pas que tu l'aimes aussi, le beau, le bon. Quand tu te campes sur tes jambes massives et que tu respires en sifflant. Touchant.

C'est sûr que c'est fini maintenant. Que ça n'arrivera jamais et que jamais je ne pleurerai comme je l'ai rêvé. Ce n'est pas toi, c'est juste que tout à coup, j'ai trouvé mieux. Plus vrai. Plus juste. C'est certain. Mais ça ne m'empêchera pas de penser que toi et ta verve capricieuse, toi et ton talent, toi et ton torse inconnu. Vous ne me briserez pas malgré que. Tu sais, tu vois. Et tu t'en contenteras.

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