Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

Préliminaires

J'aimais beaucoup Antoine. Il était beau, il était grand. Quand il parlait, ses mots se transformaient en envoutements et me transportaient dans un autrefois qui, ma foi, semblait cousu pour moi. Je crois que c'est pour ça que j'ai laissé son fils Armand me déflorer sur la Place de l'Etoile. Bien sûr, dans le taxi qui me ramenait à mon duvet-lit aux pieds du paternel, je savais que j'avais perdu au change, mais je ne m'en souciais guère: l'heure était aux changements. Et c'est comme ça, que dès le lendemain, le vieux a déduit de mon visage encore endormi "ça y est, le ver est dans le fruit". Je crois que c'est là que j'ai compris que je l'avais trahi, le pauvre Clément qui me tenait lieu d'amant. Après tout, son attente méritait une juste récompense. Je ne lui ai donc rien dit et ai eu la chance de vivre le scénario pathétique de la première fois une deuxième fois ce qui m'a permis de grimacer de douleur honnête un peu plus longtemps. Louange soit aux excuses de débutante.

Non, ce qui m'a vraiment brisé le coeur dans cette histoire, c'est que la chute ait lieu entre deux bouchées de pizza. Il aurait quand même pu choisir un meilleur scénario avant d'enjamber sa putain de fenêtre.

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